Les bonnes nouvelles avant les élections…Les moins bonnes après

Les députés siègent à l'Assemblée nationale, à Paris, le 4 janvier 2022.
Il ne reste plus que trois semaines avant le 1er tour des législatives. La campagne officielle commencera lundi. Le gouvernement doit mettre sa communication en sourdine, même si la tentation est toujours grande d’annoncer des bonnes nouvelles avant les élections

Question : qui a dit « On fait les cadeaux avant les élections, et on décide les impôts tout de suite après » ?

Réponse : Jacques Chirac. Cela ne date pas d’hier, c’était il y a plus de quarante ans, en mai 1981 quelques jours après l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand. Jacques Chirac était alors  leader du RPR, l’ancêtre des Républicains. Cette petite phrase est toujours d’actualité. 

Un exemple très récent date de mercredi dernier : la décision que le ministère de l’intérieur a laissé opportunément fuiter de ne plus sanctionner les petits excès de vitesse par la perte de points de permis mais uniquement l’amende. Rien ne fait plus plaisir aux automobilistes, même si cela fait hurler les associations de prévention routière.

On se souvient aussi de la fin de l’obligation du port du masque qui est arrivée juste avant la présidentielle. C’est de bonne guerre, tous les gouvernants qui veulent être reconduits ont l’art d’annoncer les bonnes nouvelles avant les élections, et les mauvaises après.

Le gouvernement doit se garder d’intervenir dans la campagne

La période de « réserve électorale» est en vigueur depuis lundi dernier. Une note adressée à tous les cabinets ministériels par les services de Matignon demande aux ministres d’éviter toute évocation ou promotion du bilan de leur action, ou encore d’annoncer des nouvelles. C’est pour cela que la mesure sur les excès de vitesse n’a pas été claironnée par le ministre de l’intérieur, mais on l’a laissée fuiter via l’Agence France Presse, histoire qu’elle soit quand-même diffusée partout.

C’est une manière de détourner la règle. Les ministres doivent aussi s’abstenir de se déplacer sur le terrain, sauf événement exceptionnel : attentat ou catastrophe naturelle. Si des ministres sont candidats - c’est le cas de la moitié du gouvernement - ils peuvent mener campagne, mais pas en tant que ministre, et surtout pas avec les moyens de l’Etat. 

C’est un changement par rapport aux temps pas si vieux où l’on ne comptait plus les inaugurations de ponts, de routes, et les remises de médailles jusqu’à la veille des élections.

Consigne aux ministres : « évitons les sujets qui fâchent »

Ils doivent carrément s’abstenir d’aller dans les médias. C’est frustrant pour des ministres qui viennent d’être nommés et ont envie de se faire connaître, mais cela écarte les risques de dérapage. Cela permet aussi de cacher les lendemains difficiles. 

On aura remarqué que, depuis quelques jours, personne ne défend  la réforme des retraites. Déjà entre les deux tours de la présidentielle, Emmanuel Macron avait semblé marquer le pas en annonçant 64 ans plutôt que 65, que tout cela se discuterait, et s’étalerait dans le temps.

C’est devenu un peu flou. Pourtant c’est bien la première grande réforme à laquelle la majorité sortante devra s’atteler, si elle gagne les élections. Emmanuel Macron voudrait boucler ce dossier avant la fin de l’année pour mettre la France au diapason des autres pays européens où l’on travaille plus longtemps que chez nous. Mais pour le moment c’est scchuut ! … On verra demain.