A la découverte de l'architecture de Mamoudzou

Les bâtiments du conseil départemental bâtis dans les années 1980 et 1990 (à gauche) avaient pour principaux matériaux de la pierre et de la brique en terre. Ceux des années 2000 (à droite) sont en béton.
Dans le cadre des journées nationales de l'architecture, La Cadema a organisé par des visites pour faire découvrir les premiers bâtiments et les quartiers de la commune chef-lieu.

Y a-t-il une architecture mahoraise ? Si spontanément, les Mahorais citent le banga en torchis comme élément de l'architecture mahoraise, force est de constater que les bâtiments en dur ont un style bien à nous. Des bâtiments qui pour la plupart ont vu le jour au lendemain de l'indépendance des trois autres îles de l'archipel des Comores.

Les visiteurs au cœur de Mamoudzou et du quartier administratif.

Après la décolonisation en 1976, la capitale de Mayotte a été déplacée à Mamoudzou et cela a nécessité de construire un certain nombre d'institutions comme la préfecture ou le rectorat,  des services comme la poste, mais aussi des équipements éducatifs comme le lycée de Mamoudzou. Cela a entraîné une dynamique importante de construction à partir des années 80.

Hortense Julien, architecte en charge des visites des Journées nationales de l'architecture à la Cadema.

 

Des matériaux locaux et écologiques

En plus des institutions, il a fallu construire les logements des personnes travaillant à Mamoudzou, ce qui a entraîné la création de la SIM, la société immobilière de Mayotte. Pour cela, le choix des matériaux locaux a été privilégié. Tout d'abord, la pierre basaltique noire que l'on peut voir notamment à l'hémicycle Bamana du conseil départemental, au lycée de Mamoudzou ou sur d'autres bâtiments publics. Mais surtout la brique de terre crue comprimée, un matériau caractéristique des constructions de la SIM.

Le rectorat de Mayotte allie matériaux locaux comme la pierre basaltique et le bois, mais aussi le béton et des armatures métalliques.

Il y a une réflexion écologique, avec l'ambition d'utiliser les ressources sur place, mais aussi l'envie de faire des choses qui durent. Par exemple, le lycée Bamana est toujours debout et en très bon état et il marque le patrimoine bâti de la ville de Mamoudzou.

Hortense Julien, architecte

Cette architecture des années 80 est présente dans tout le centre-ville de Mamoudzou. C'est d'ailleurs depuis la place Mariage que la visite a débuté. Elle s'est poursuivie par la préfecture, le cimetière chrétien de Jacaranda, le lycée Bamana en passant par l'église Notre-Dame de Fatima et le siège du conseil départemental.

Notre-Dame de Fatima, l'un des plus vieux bâtiments de Mamoudzou. Elle a été construite dans les années 1950.


La visite a permis de mettre en perspective le bâti des années 80 et 90 à celui des années postérieures. Et l'on voit que désormais, le béton est privilégié, comme sur l'extension du conseil départemental. D'autres matériaux ont également fait leur apparition comme sur le siège de la SIM, avec de grandes verrières et des armatures métalliques. Avec ces journées de l'architecture, la Cadema entame une réflexion sur l'architecture de Mayotte. Une architecture qui ne doit pas être copiée sur ce qui se fait ailleurs et qui réponde aux besoins spécifiques des Mahorais.