Un mercredi pas comme les autres devant le bureau des étrangers à Mamoudzou

C’est une immense file d’attente qui s’est formée tôt ce mercredi matin devant le bureau des étrangers à Mamoudzou.

Une file d’attente inhabituelle qui aurait comme origine une communication maladroite des services de la préfecture.

En effet, les files d’attente devant le bureau des étrangers à Mamoudzou est une scène de vie quotidienne. Cela fait partie du décor de ce quartier mais ce mercredi matin l’attroupement est assez spectaculaire. Il n’ y a pas un cm2 de libre entre les locaux de l’ARS plus haut et la maison des livres plus bas. Des femmes, des hommes et des enfants agglutinés dans cet espace réduit.
Tous les mercredis, le service des étrangers reçoit à peu près 1000 personnes pour leur délivrer leur titre de séjour :
  • renouvellement ou première demande.
Mais les usagers concernés sont habituellement avertis et donc invités à venir chercher leur document. Ce qui ne serait pas le cas ce mercredi. Selon, un demandeur de séjour rencontré sur place, les services de la préfecture auraient laissé entendre que l’on peut venir sans rendez-vous. Ce qui expliquerait cette cohue impressionnante à tel point que la police a dû venir en renfort des agents de sécurité de la préfecture. La rue a été même fermée à la circulation. Pour rappelle, depuis 2016, le bâtiment du service des étrangers a été aménagé et rénové afin de recevoir dans des conditions dignes les usagers.

Des travaux qui ont coûté la somme de 3,5 millions d’euros.

Le bureau des étrangers est très souvent un point de crispation dans les revendications contre l’immigration illégale. En 2018 au plus fort de la crise franco-comorienne, les collectifs avec le renfort des héritières des chatouilleuses avaient bloqué pendant plusieurs jours le service des étrangers. Une situation qui avait amené le défenseur du droit Jacques à Toubon à s’exprimer et condamner des atteintes au droit :

Faute de pouvoir faire renouveler leur titre de séjour, des étrangers en situation régulière ont perdu leur emploi, des jeunes bacheliers dont les dossiers avaient été acceptés dans des universités métropolitaines n’ont pu quitter l’île, des parents d’enfants malades voient leurs droits à l’assurance maladie interrompus. Même la saisine du juge ne résout pas les difficultés puisque les décisions de justice ne sont pas exécutées par la préfecture.

Le service des étrangers à Mayotte accueille par jour en moyenne 500 personnes.

Juste pour rappel une carte de séjour pour un demandeur arrivé en situation irrégulière coûte en moyenne 600 euros alors qu’un demandeur arrivée en situation régulière doit débourser à peu près 260 euros. Le contexte migratoire à Mayotte reste toujours tendu.
Une thématique centrale de la visite du président de la République les 22 et 23 octobre prochain. Ses annonces sont très attendues à Mayotte.