Le grand Cadi, autorité supérieure de l’Islam dans le département, a rappelé dans un communiqué que la religion musulmane est opposée au mariage homosexuel, «l’Islam n’autorise pas la célébration d’une union entre deux femmes ou entre deux hommes ». Il ajoute que ces pratiques conjugales
ne correspondent pas aux valeurs, aux coutumes, à l’identité des Mahorais.
Le grand Cadi est dans son rôle de guide spirituel, mais un problème se pose : son communiqué a été imprimé sur un papier à en-tête du Conseil départemental ; or cette institution n’a pas à donner des avis dans le domaine religieux.
Cette initiative a irrité le président du Conseil départemental Ben Issa Ousseni, car la consigne religieuse a été publiée sous couvert d’une institution républicaine… Surtout qu’elle est en contradiction avec la loi de la République qui, elle, autorise le mariage pour tous.
Ben Issa Ousseni a voulu se démarquer de cette prise de position du Cadi. Il lui reproche de s’être exprimé, sans concertation préalable, au nom la collectivité publique.
Le rôle des Cadis s’est amoindri depuis la départementalisation
Avant les années 2000, les Cadis étaient des juges à part entière. Ils avaient leurs prérogatives sur le droit familial, l’Etat-civil, les divorces, les mariages, les problèmes de succession… Ils jouaient le rôle de notaires.
Aujourd’hui le droit de la République s’impose, mais les cadis ont été confortés dans leur rôle de juges de paix, de médiateurs. Ils sont toujours employés par le Conseil Départemental.
Ben Issa Ousseni voudrait réformer le conseil cadial, lui donner plus d’autonomie afin qu’il demeure une autorité religieuse écoutée et suivie. Qu’il indique par exemple les dates de début et de fin du ramadan. Qu’il puisse œuvrer à la paix sociale, à la prévention de la délinquance, sans être une sorte de « service du conseil départemental ».