Une jeune femme se tenant debout sur un sol presque appauvri, sous un ciel nuageux presque menaçant quoi que tout de même plein d'espoir. Vêtue de bleu, de blanc, et de rouge, les couleurs de la France, "Mariama" semble remuer le drapeau des armoiries de Mayotte, le regard tourné vers la lueur, qui se dégage du ciel, vers l'avenir.
Certains charmés par cette représentation, d’autres révoltés par le choix du mannequin. L'art, la beauté sont subjectifs, et chacun est libre de donner son opinion, le réseau social Facebook étant une plateforme servant d’exutoire.
La directrice de publication de May'People by TVB, Abby Said Adinani tient à expliquer la genèse de ce projet qui fut mûrement pensé sous tous ses angles avec la styliste Moina Rafa de la marque C-BOW.
Lors des barrages, nous entendions énormément de messages différents. Le but c'était de dire : recentrons le débat sur Mayotte. En personnifiant Mayotte sous les traits de Mariama Wa Marianne c'était également l'occasion de raconter l'histoire des armoiries de Mayotte. Quand aux réactions sur les réseaux sociaux, je suis convaincue que le débat est sain tant qu'il se passe dans le respect.
A cet effet, Abby Said Adinani détaillera sa pensée en direct dans la Récréaction avec Moina Poutou à partir de 18h. Sera également invité en studio Jean Pierre Redjekra proviseur adjoint du lycée polyvalent de Petite-Terre. L’occasion d’aborder le sujet épineux du métissage à travers l'histoire de Mayotte et une oeuvre littéraire publié chez Gallimard intitulée l’appel de la lune de Tidiane N'Diaye. Un livre où l’on découvre au fur et à mesure des pages, l’amour interdit entre une princesse Zouloue et un vigneron français, dans l’univers d’intolérance et de violences extrêmes présent dans une Afrique du Sud de la fin du XIXe siècle.
Tu sais, Isiban, la France a permis l'installation sur son sol d'Italiens, d'Espagnols, de Juifs persécutés ailleurs, de Noirs africains, d'Antillais, d'Arabes et autres Polonais. Ce pays, à l'image de tant d'autres, s'est construit sur un territoire donné, mais par mélange et fusions successives de populations les plus diverses. Leurs apports ont grandement aidé à la formation de la nation française. Par cette diversité et cette richesse, la France parle au monde, avec un message fort et universel, né des idéaux des Lumières. Et je sais qu'en Afrique du Sud les choses évolueront tôt ou tard dans ce sens.
De facto, Abby Said Adinani et Jean-Pierre Redjekra, se sentent complètement concernés par l’enjeu du métissage chacun à travers ses origines et ses parcours. Pour la directrice de publication l’heure est à la confession
“On me dit souvent que je ne ressemble pas à une mahoraise... Aujourd'hui, je veux me confesser! En réalité, JE SUIS MÉTISSE!!! Oui, oui, je suis métisse!”
Quant à Jean-Pierre Redjekra d’origine centrafricaine et mahoraise,
“L'actualité de notre île est brûlante sur ce sujet du métissage finalement il s'agit bien toujours du rapport à l'Autre, à "l'étranger", à celui ou celle qui vient de loin, à celui ou celle qu'on ne connait pas et qu'on apprend à découvrir, à connaître, ou avec qui on peut construire de nouvelles identités... L'amitié, le couple, la famille, le milieu professionnel, les voyages, les pays, les continents...autant d'espaces de sang et cultures mêlées...”
Alors le métissage, quels enjeux propres au territoire français de Mayotte ? Quelles distances doit-on prendre avec toutes les expressions "lâchées" sur les réseaux sociaux” ?
Échanges à découvrir à partir de 18h avec les invités de Moina Poutou sur Mayotte la 1ère la radio.