Mémoire de l’esclavage : « les gens ont préféré oublier » Mlaili Condro

MLAILI CONDRO
Ce 27 avril, l’abolition de l’esclavage est commémorée à Mayotte. Mlaili Condro, chercheur en sciences du langage, s’est exprimé dans la matinale de Mayotte la 1ère

Cette date du 27 avril est contestée par les historiens parce qu’elle ne correspond à aucun événement à Mayotte.

Mlaili Condro

« Elle a été choisie par le Conseil Départemental. La date qui correspondrait le mieux serait celle du 9 décembre 1846, celle du décret d’abolition appliqué deux ans plus tard dans les colonies françaises ».

« L’esclavage à Mayotte a existé bien avant l’arrivée des Français, il remonte aux sultanats » explique le chercheur. « C’est un passé douloureux, que les gens ici ont préféré oublier. L’esclavage est déshumanisant ; c’est de la souffrance physique, un refus de l’humanité. L’esclave est comme un animal que l’on peut exploiter à souhait, sur lequel le maître a le pouvoir de vie et de mort ».

Selon Mlaili Condro,

le sujet est d’autant plus sensible à Mayotte qu’il est mêlé à la religion.

Mlaili Condro

Il évoque un « pacte sur le Coran » entre les esclaves convertis à l’Islam et les propriétaires. « Ici on a fait beaucoup d’efforts pour s’intégrer et oublier le passé ». Il constate qu’il n’y a pas à Mayotte d’associations qui font revivre cette mémoire contrairement aux Antilles ou à la Réunion, « seuls quelques artistes ont commencé à en parler ».