Depuis deux semaines, Mohéli, la plus petite des îles de l’Union des Comores connait une résurgence du Covid-19 . Elle compte à elle seule 6 morts, enregistrés en une semaine pour un total de 13 décès au niveau national. Le variant sud-africain en serait la cause.
En Union des Comores, Mohéli, la plus petite des îles est confrontée à la deuxième vague du Covid-19. Relativement épargnée lors de la première vague, au cours de laquelle, elle n’avait comptabilisé aucun décès selon les données officielles, l’île qui compte un peu plus de 50.000 habitants a enregistré 6 décès en une semaine, selon des sources concordantes. Au niveau des autorités, c’est la panique. Nul n’aurait pu prévoir pareil scénario alors que le chef de l’État, Azali Assoumani, a solennellement allégé les mesures de prévention anti-Covid-19 le 21 décembre dernier, au cours d’une adresse à la Nation.
Les festivités de mariage pouvaient de nouveau reprendre au niveau des 3 iles, 9 mois après leur suspension. Moins d’une semaine après cette allocution, rétropédalage pour Mohéli. Le 28 décembre, son gouverneur, Mohamed Fazul a annoncé pour 15 jours, une série de mesures restrictives, incluant une interdiction des festivités, une fermeture des écoles et des universités et un couvre-feu de 20h00 à 05h00 du matin. La liste est non exhaustive. Le 01er janvier, Mohéli est officiellement coupée du monde, personne ne peut en sortir ni y rentrer.
Un entraineur ayant séjourné en Afrique du Sud
La situation sur place est alarmante. Tout serait parti, d’un entraineur qui a séjourné en Afrique du Sud, information non confirmée par les autorité .
La femme d’un entraîneur qui a en effet séjourné en Afrique du Sud, a été déclarée positive au Covid-19 après un dépistage. Son mari l’était aussi mais était asymptomatique. Nous ne pouvons par contre, affirmer avec certitude que l’entraîneur a été contaminé en Afrique du Sud.
La situation s’est très vite corsée car « la belle-mère de l’entraineur a été infectée par le virus alors qu’elle tient une école coranique, avec plusieurs enfants . Dès lors, la situation est devenue difficilement contrôlable. Aujourd’hui, toutes les régions de l’île sont touchées.
Ce virus est agressif et très contagieux avec un cluster à Djoiezi, la deuxième ville de l’île. En revanche, ne pouvons pas encore affirmer qu’il s’agit du variant sud-africain.
Sur la page Facebook du ministère de la santé, a été évoquée ce 04 janvier, « la nécessité de faire le séquençage du virus qui circule sur l’île ». C’est le seul moyen pour s’assurer que le variant détecté en Afrique du Sud a bien franchi les frontières comoriennes.
Les structures hospitalières saturées
L’île est pourvue de 24 lits de réanimation et 4 respirateurs. Les structures hospitalières déjà fort démunies sont saturées. Elle comptait 94 cas actifs dans le dernier communiqué officiel publié le 2 Janvier.
Aussi, un orphelinat a été transformé en centre d’accueil pour les malades asymptomatiques. Les conditions sont jugées « indignes », avec « seulement » un médecin et 3 infirmiers «qui sont eux-mêmes dépassés par la situation», pour plus de 50 personnes, a indiqué un interlocuteur qui a requis l’anonymat. « Il n’ y a pas d’eau, pas de gel hydro alcoolique, la nourriture est livrée en quantité insuffisante, les chambres comptent jusqu’à 6 lits superposés, on en dénombre plusieurs sans matelas, » a-t-il indiqué. Et de poursuivre « il est vrai que le centre accueille des personnes asymptomatiques au Covid-19 mais parmi elles, il y a des sujets âgés qui souffrent d’autres pathologies et qui ont donc besoin d’assistance ; pire il y a des personnes qui souffrent parfois d’incontinence alors que les toilettes se trouvent à plusieurs mètres du dortoir, je vous laisse en imaginer les conséquences », a-t-il fait valoir.
« Les autorités sanitaires dépassées »
Toujours est-il que « loin du déni qui caractérisait le début de cette crise, les habitants sont maintenant conscients du danger qui guette et les gestes barrières sont respectés, les rues sont désertes, l’on ne s’aventure dehors que lorsque c’est nécessaire », a fait savoir un autre locuteur joint au téléphone.
Une commission a été mise en place pour venir en aide aux habitants de Djoiezi, la ville étant mise en quarantaine. «Quand les autorités ont décidé d’isoler la localité, elles n’avaient pas forcément penser que celle-ci était dépourvue de pharmacie ou encore de borne de recharge pour l’électricité», a fait remarquer notre source. Ainsi, au début, les habitants étaient en colère. «Maintenant, la commission dotée d’une voiture et munie d’un laisser-passer, se charge d’aller acheter médicaments ou recharger les carte prépayées pour l’électricité pour ceux qui en ont besoin, et la situation est rentrée dans l’ordre», a-t-elle rajouté.
En tout cas, selon une source interne, « les autorités sanitaires sont dépassées, cela fait plusieurs mois que plus personne ne respecte les gestes-barrières et ce, à tous les niveaux et bien avant l’allégement des mesures par le chef de l’État, il faut donc une ou deux semaines pour réorganiser les structures de lutte et redynamiser la riposte ». Avec une hantise, que ce virus « agressif et contagieux » atteigne les autres îles. « En réalité, à Anjouan et à la Grande-Comore, les cas qui sont découverts sont à la faveur de voyageurs sortants qui ont besoin d’un certificat négatif au Covid-19 pour pouvoir quitter le pays », a-t-elle jugé utile de préciser.
Toujours est-il que la diaspora est déjà sur le pied de guerre pour venir à la rescousse des Mohéliens et une cagnotte a déjà été lancée.