Il n'y a pas besoin d'avoir le poids des années pour atteindre la maturité et la sérénité. Moukim Matoungou, 15 ans est très bien dans sa peau. Ce jeune lycéen se rend tous les jours au centre de l'île pour suivre sa scolarité. Et le trajet depuis l'extrême-nord et son village de Mtsamboro est long. Mais même si son emploi du temps est chargé, il s'organise comme un grand. En effet, Moukim a d'autres obligations. S'il lui arrive comme tous les adolescents de se défouler sur le terrain de football, il endosse des responsabilités que peu de jeunes de son page ont.
En effet, Moukim Matoungou est muezzin, le plus jeune de Mtsamboro. C'est lui qui appelle les fidèles à la prière quand il est disponible. Sa voix forte et suave à la fois retentit dans le village. Une voix qui suscite l'admiration de tous.
Sa voix est exceptionnelle. Il a toutes les qualités pour être un bon muezzin. C'est un élève très simple, très humble.
Tanzil Bacar, enseignant à la madrassa de la mosquée du vendredi de Mtsamboro
Pour celui qui est aussi son beau-frère, faire progresser Moukim est un véritable plaisir. Celui-ci a commencé à suivre son père et ses grands frères à la mosquée dès l'âge de 2 ans et demi. Et depuis, il s'est toujours intéressé à la lecture du Coran et tout ce qui concerne la religion musulmane.
Depuis tout petit, il vient avec moi à la mosquée, il participe aux grandes occasions lors des maoulidas ou l'Aïd. Dieu merci, il est resté dans la religion, il est resté à l'écart de la délinquance. C'est notre dernier enfant et il nous rend fier.
Saïd Matoungou, père de Moukim
Sa famille l'a toujours encouragé dans ses activités religieuses. Et en cas de découragement, sa mère veille.
Je remercie Allah de m'avoir donné un enfant qui s'intéresse au Coran. Je suis très contente. Je suis toujours derrière lui pour lui dire d'aller à la mosquée. Quand il va au terrain de foot, je lui rappelle qu'il doit revenir à l'heure de la prière. Et s'il ne va pas à la mosquée ou à la madrassa, ça veut dire qu'il est malade.
Nadhumati Binti Ahamada M'colo, mère de Moukim
Moukim lui prend les choses avec philosophie. Il effectue les appels à la prière du mercredi au dimanche.
J'aime faire l'appel à la prière. Et je me sens bien quand je fais ça.
Moukim Matoungou, muezzin
Et il continuera. Les sages de la mosquée l'ont accepté sans réserve. Et eux aussi ne sont pas peu fiers d'entendre leur jeune coreligionnaire appeler les fidèles à les rejoindre à la mosquée.