Mutinerie à la prison de Majicavo : de 18 mois à 3 ans de prison pour les mutins

La prison de Majicavo
Ils étaient dix à comparaitre devant le tribunal correctionnel ce jeudi 14 novembre. Reconnus coupables de destruction, de violence, de rébellion et de séquestration pour certains, les prévenus ont tous été condamnés à des peines de prison ferme. Une audience où les conditions de détention ont longuement été évoquées.

La décision des juges suit à peu de chose près les réquisitions du parquet. Seule différence, deux prévenus, reconnus comme les meneurs du mouvement, ont été condamnés à la peine la plus lourde, alors que le parquet avait requis la peine maximale pour cinq d'entre eux. Néanmoins, ces peines vont dans le bon sens pour l'avocat de la partie civile. 

Le tribunal a mesuré la gravité de ce genre d'évènement et la nécessité de protéger les agents

Erik Heisler - Avocat des surveillants pénitentiaires

Durant l'audience, qui a duré une bonne partie de la journée, la cour est revenue sur le déroulé des faits. La présidente a confirmé qu'il y avait bien eu une prise d'otage avec l'un des surveillants. Quatre des prévenus ont d'ailleurs été reconnus coupables de faits de séquestration. Mais la mutinerie aurait pu être beaucoup plus dramatique, des incendies ont été déclenchés par plusieurs détenus. "Heureusement, il n'y a pas eu de mort" a souligné la procureure.

Le procès des conditions de détention

Devant les trois juges, les détenus mis en cause ont tenté de minimiser leurs actes. Certains ont parlé de "grèves" ou de "manifestations" pour protester contre leurs conditions de détention à Majicavo. D'autres ont accusé des surveillants de maltraitance : "Des agents nous frappent, ils se mettent dans des angles morts des caméras pour ça" dénonçait l'un des prévenus. D'autres ont parlé de plateau-repas lancé à la figure ou de demandes administratives volontairement déchiré par des surveillants.

Vous n'êtes pas un syndicat, vous n'êtes pas ici dans le cadre d'une grève

La présidente

Des justifications qui peinent à faire le poids face aux témoignages de certains surveillants pénitentiaires en début d'audience : "Il y avait une intention de nuire, de détruire, de faire du mal. Ils voulaient faire tomber l'établissement"

185 000€ de dégâts

Des conditions de détention qui ne se sont certainement pas améliorées depuis cette mutinerie. Caméras cassées, cour de promenade condamnée, bureau inutilisable, un premier chiffrage fait état de 185 000€ de dégâts selon la procureure. "C'est autant d'argent que l'Etat ne mettra par ailleurs pour améliorer vos conditions..." déplore la Présidente. Côté surpopulation aussi, les choses empirent. Cette semaine, la prison aurait battu un nouveau record en franchissant la barre des 700 détenus pour 278 places selon les syndicats.