“Le chauffeur va bien, il se rétablit peu à peu, même s’il est encore un peu souffrant”, a déclaré Anis Boinaidi lors de son entretient dans le Zakwéli. Il est revenu sur cet événement marquant du 28 février dernier et l'agression d'un chauffeur de bus qui a "reçu un caillou de 10 cm de diamètre". Loin d'être un épiphénomène, le directeur de la société de transports a pointé du doigt un problème chronique de violence qui s'empire et gangrène l'île.
L’inefficacité des réponses des autorités
Anis Boinaidi a critiqué les actions des autorités face à ces violences. Il a rappelé qu'un autre conducteur avait dû faire face à une bagarre à l'arme blanche dans son bus et que la réponse des autorités était "insuffisante". “La réponse des autorités aujourd’hui, c’est la langue de bois institutionnelle. […] Elles ont réquisitionné des véhicules pour transporter des élèves, mais il n’y en avait aucun.” Il appelle à des mesures plus concrètes et durables, notamment une augmentation des effectifs de sécurité et des décisions de sécurité à long terme.
Nécessité d’une "police des transports"
Une des propositions majeures avancées par Boinaidi est la création d’une véritable police des transports, similaire à celles existant en Métropole et à La Réunion. Bien que le Conseil Départemental ait déjà investi pour sécuriser les véhicules et renforcer les effectifs de médiateurs, Boinaidi estime que la préfecture doit prendre ses responsabilités en la matière. “C’est à l’État de prendre ses responsabilités et de financer ce surcoût humain et matériel.” D'après lui, l’État devrait prendre en charge l’augmentation des coûts liés à la sécurité et à réhausser la profession de conducteur, pour que le secteur du transport public reste attractif.
Des lacunes du système judiciaire
Une autre de ses critiques était liée aux sanctions judiciaires face aux caillassages. Boinaidi a déploré des "peines insuffisantes qui n’ont aucun effet dissuasif". “Les peines de 3 mois de prison et 1500 euros d’amende ne sont jamais payées et ne sont pas à la hauteur.” Il appelle à des sanctions plus sévères, afin de faire comprendre aux délinquants que ces actes ne peuvent rester impunis. Par ailleurs, il a souligné un problème éducatif majeur au sein des familles qui se trouvent dépassées par le comportement de leurs enfants.
Face à cette situation asphyxiante, le directeur d'Ouvoimoja Transports suggère des solutions concrètes pour améliorer la sécurité des transports, comme l’installation de caméras sur les bus et/ou dans les lieux plublics, la réhabilitation des éclairages publics ou encore le désherbage des abords des routes. Il a aussi pointé l’importance d’un financement public pour la sécurité. “Les communes devraient être accompagnées dans la mise en place de mesures de sécurité.” Il a insisté sur ces efforts qui sont essentiels pour créer un environnement plus sécurisé pour les usagers et les conducteurs.
Enfin, Anis Boinadi a également critiqué la lenteur du processus législatif, notamment en ce qui concerne les caméras sur les bus, dont l’installation reste bloquée par des contraintes légales et budgétaires. Il a appelé à une action concertée de l’État, des autorités locales et de la justice pour garantir la sécurité des conducteurs et des passagers.