Il n'y a pas de député mahorais au sein du Nouveau Front Populaire, arrivé en tête au second tour des élections législatives ce dimanche 7 juillet. Mayotte aura en tout cas l'oreille du nouveau gouvernement qui sera formé par l'alliance des partis de gauche. Alors que les tractations sont en cours dans l'Hexagone, un poste de conseiller ministérielle est déjà réservé à un Mahorais selon Mikidadi Abdullah.
"J'en ai parlé avec Mélenchon et il m'a clairement dit que tant qu'il n'y aura pas un Mahorais dans les cercles décisionnels au niveau national, Mayotte ne se développera pas, on restera la dernière roue du carrosse", affirme le porte-parole dans le département de La France Insoumise. "On nous l'a promis et on va réclamer notre dû. Ne serait-ce qu'au ministère des Outre-mer, on n'a jamais eu ça."
Jean-Luc Mélenchon, Premier ministre ou président ?
Il s'agit d'un engagement de principe, la question plus épineuse du futur Premier ministre doit d'abord être réglée. "Jean-Luc Mélenchon ne s'est pas exclu, mais il ne s'impose pas non plus. Je pense qu'il va plutôt se positionner pour 2027", analyse Mikidadi Abdullah en référence à la prochaine présidentielle. "Quand Jospin était Premier ministre durant la cohabitation, ça lui a joué un sale tour." Après presque cinq ans à Matignon sous la présidence de Jacque Chirac, entre 1997 et 2002, le socialiste avait été éliminé dès le premier tour, une première depuis 1969.
Le représentant de LFI en profite également pour tacler le Rassemblement national, "un parti raciste qui avance masqué", mais n'est pas inquiet sur les alliances qui se noueront à l'Assemblée nationale. "Je pense que ça va se passer comme les deux dernières années, ce sera une majorité relative avec parfois d'autres groupes qui soutiendront nos projets de loi."
"J'ai l'impression que pour être efficace, il faut être inhumain"
Si le Nouveau Front Populaire a fait campagne sur la question du pouvoir d'achat, les enjeux migratoires ne sont pas absents de son programme. "J'ai l'impression que pour être efficace à Mayotte, il faut être inhumain", résume Mikidadi Abdullah. "Pour l'instant, il n'y a jamais eu de politique contre l'immigration à Mayotte. On tourne autour du pot, on prend des postures de dur, mais qu'est-ce qu'on fait ? Regardez Cavani."
Le village de Mamoudzou est à nouveau le théâtre de tensions liées à la présence de migrants dormant dans les rues. "J'en ai moi-même discuté avec Mélenchon, ce qu'il faut, c'est la fin du visa territorialisé", poursuit-il. "On doit en appeler à la solidarité nationale, répartir les migrants comme ça se fait en Europe. Mayotte n'a pas à porter ce fardeau si l'Etat n'arrive pas à surveiller ses frontières." Interrogé par une auditrice sur le risque de créer un appel d'air, le porte-parole rappelle que le NFP plaide aussi pour le déploiement de l'agence Frontex à Mayotte et en Guyane.