Un paysage politique à moitié renouvelé

Ambdilwahedou Soumaïla est le nouveau maire de la commune de Mamoudzou. Et pour la première fois, ce poste sera occupé par une personne originaire de Tsoundzou.
Le second tour des élections municipales a livré son verdict hier. Et force est de constater que les grands partis qui semblaient à bout de souffle ont su tirer leur épingle du jeu face aux formations très localisées. Autre constat :  la moitié des maires qui se représentaient rempilent pour 6 ans.
Les 60 600 électeurs ayant voté ce dimanche 28 juin pour ce second tour des municipales ont décidé de renouveler quelque peu le paysage politique mahorais. Sur les 14 maires qui se représentaient au 1er tour, seuls 7 ont renouvelé leur mandat. Il s'agit d'Ali Moussa Moussa Ben à Bandrélé, Mouslim Abdourahaman à Bouéni, Mohamadi Madi Ousseni à Chiconi, Saïd Omar Oili (élu au 1er tour dès le 15 mars dernier) à Dzaoudzi-Labattoir, Assani Saïndou Bamcolo à Koungou, Ibrahim Saïd Maanrifa à Mtsangamouji et Mohamed Bacar à Tsingoni.
Mohamed Bacar, président du parti Les Républicains à Mayotte

Cette victoire va leur permettre de peser notamment dans les différents conseils communautaires et établissements publics dans lesquels ils siègent. Il s'agit notamment de la Communauté des communes du Sud qui étaient dirigée par un élu de Chirongui et proche de Hanima Ibrahima (Roukia Lahadji), Ismaila Mderemane Saheva. Ali Moussa Moussa Ben et Mouslim Abdourahaman avaient longtemps participé au blocage de la mise en place de l'institution en voyant qu'elle leur échapperait. Cette fois-ci, ils seront en position de force. Il en est de même pour Mohamed Bacar, Mohamadi Madi Ousseni et Ibrahim Saïd Maanrifa pour la 3CO (Communauté des communes du Centre-Ouest). Quant à Assani Saïndou Bamcolo, arrivera-t-il enfin à faire émerger l'interco du Nord et faire accepter son leadership au SIDEVAM ?
 

Certains maires connaissent bien le fonctionnement d'une collectivité locale


L'élection de ce 28 juin a vu le retour d'un ancien maire, Ahamada Fahardine à Bandraboua. Ayant raté l'élection de justesse dès le 1er tour en 2014, il entamera son 3e mandat de maire. Tous les autres maires seront des novices dans leurs fonctions. Certains comme Ambdilwahedou Soumaïla à Mamoudzou ont déjà occupé des fonctions exécutives au sein d'un conseil municipal. D'autres connaissent bien les arcanes d'une collectivité locale pour y avoir travaillé en tant que cadre administratif à l'instar de Madi Madi Souf ou Houssamoudine Abdallah.
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Géniale Attoumani vous présente les résultats de 13 des 16 communes en lice dans ce second tour. ©Mayotte la 1ère
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Autre constat : les partis à envergure départementale ne sont pas morts. Les LR dirigeront les communes de Chirongui, Mamoudzou, Mtsangamouji et Tsingoni. Et elle sera dans la majorité à Acoua et Boueni. Le MDM des deux tendances sera à la tête d'Acoua, Bandrélé, Ouangani et Pamandzi et une tendance sera dans la majorité à Mamoudzou. Et ces blocs pourront servir au moment de désigner les majorités au Syndicat mixte d'eau et d'assainissement de Mayotte (SMEAM), au SIDEVAM (Syndicat intercommunal de valorisation des ordures ménagères de Mayotte) ou des intercos. Mais aussi pour l'élection sénatoriale en 2023.
 

De jeunes élus ayant entre 40 et 50 ans


Et la défaite de la LREM à Mamoudzou, Chirongui et Mtsamboro n'est pas forcément un bon signe pour les sénateurs Thani Mohamed Soilihi et Hassani Abdallah. Ceux-ci devront convaincre des élus sans parti ou de partis adverses pour espérer renouveler leur mandat au Palais du Luxembourg.
Les maires élus ont pour la plupart entre 40 et 50 ans et comme leurs co-listiers sont donc relativement jeunes. Ils sont peut-être plus enclins à comprendre les aspirations de la jeunesse qui forme plus de la moitié de la population de l'île.
 
Anchya Bamana aura dirigé la commune de Sada dans des conditions difficiles avec notamment des co-listiers devenus ses premiers opposants
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Tous les résultats du second tour à voir ici 
Plus aucune femme maire à Mayotte
Depuis 2008, deux communes de l'île avaient à leur tête une femme. Pamandzi et Chirongui de 2008 à 2014 avec Ramlati Ali et Hanima Ibrahima. Et Sada et Chirongui avec Anchya Bamana et Hanima Ibrahima.
Mais pour les 6 années à venir, il faudra se faire à l'idée (ou pas) qu'aucune commune de l'île ne soit dirigée par une femme.
En effet, Anchya Bamana et Hanima Ibrahima ont toutes les 2 étaient battues ce dimanche. Et les 5 autres femmes têtes de liste qualifiées au second tour Nema Maliki (Pamandzi), Zamimou Ahamadi (Bandrélé), Zalia Albert et Zaïnaba Ridhoi (Chiconi) et Toyfati Ali (Koungou) n'ont pas réussi à l'emporter. Une régression du point de vue de la parité hommes-femmes. Cela montre que le chemin est encore long pour les femmes mahoraises.