La police: malaise dans les rangs après les annonces de Christophe Castaner

La police nationale accusée de racisme est dans le viseur des manifestants en France métropolitaine. À Mayotte, on est loin de ces manifestations mais les décisions qui seront prises par le ministère de l’Intérieur s’appliqueront également dans notre île. Les policiers sont inquiets. 
Le malaise est bien réel dans les rangs. Les policiers mahorais bien qu’appréciés par la population comme le reconnait Bacar Attoumani, le secrétaire départemental du syndicat Alliance Police Nationale, sont malgré tout dans la crainte. Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur l’a annoncé en cas de soupçon avéré d’actes ou de propos racistes, "qu'une suspension soit systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré d'acte ou de propos raciste ".
 

Une phrase qui ne passe pas tant au niveau national qu’ici. Djamaldine Djabiri, le secrétaire départemental adjoint d’unité SGP Police-FO estime que « dans la position du ministre il y a une inversion des valeurs, on passe de la présomption d’innocence à la présomption de culpabilité. Cette inversion des valeurs est contraire à l’Etat de droits ».  

Pour le secrétaire départemental adjoint d’Unité SGP Police-FO « Mayotte est plus exposée » que n’importe quel territoire,

il arrive que des policiers soient accusés de racisme ou de xénophobie

Des accusations verbales mais qui leur font craindre le pire aujourd’hui. Même son de cloche chez Alliance Police Nationale « juridiquement, ça va à l’encontre de la présomption d’innocence » selon Bacar Attoumani, le secrétaire départemental du syndicat.
 

« les équipes du GAO ou de la CDI ont peur d’être accusées des xénophobie. Des policiers ont déjà été accusés d’être anti-comoriens »

Mais, ils craignent surtout pour leurs collègues en lutte contre l’immigration clandestine. 
Notre territoire étant soumis à une forte pression migratoire, les policiers en lutte contre l’immigration clandestine se sentent dans le viseur: « les équipes du GAO ou de la CDI ont peur d’être accusées des xénophobie » explique Bacar Attoumani, le secrétaire départemental d’Alliance Police Nationale. Et pour étayer ses dires, il annonce que « des policiers ont déjà été accusés d’être anti-comoriens » soutient-il.  Les contrôles d’identité restent donc des moments délicats: « quand le défenseur des droits, Jacques Toubon dit qu’il faut être en mesure de tracer les contrôles d’identité, est-ce possible à Mayotte, quand on en a plus de 20 000 contrôles d’identité à l’année? » s’interroge-t-il . 
 

«  Le racisme est présent, il y en a forcément mais c’est marginal ».

Ces deux policiers mahorais ont exercé en France métropolitaine, ont-ils déjà ressenti ou subi du racisme de la part de leur collègue? 
Pour Bacar Attoumani: « dans la mesure ou il y a une présence imposée entre les fonctionnaires, il peut y avoir que certains fassent des blagues limites et ça m’est arrivé de dire stop ». 

Pour en finir avec ces dérapages verbaux, il faut « travailler sur le recrutement et la formation, ainsi que la composition du jury des concours. Il faudrait qu’il y ait toutes les composantes de la société, des femmes et des personnes issues des minorités » propose-t-il. L’autre volet serait « la formation initiale et la déontologique et puis sur le long terme, s’il y a une ignorance du code de la déontologie, il faudrait une formation continue, pour que les gens aient le bon réflexe. Souvent la police intervient dans un environnement et si c’est violant, la réaction peut être pareille ». 

Pour Djamaldine Djabiri, « le racisme est présent, il y en a forcément mais c’est marginal ». 

ça n’est pas une bonne idée de suspendre sans proposer une autre mesure réglementaire moins impactant physiquement. Avant de suspendre pourquoi ne s’est-on pas concerté avec les experts de la formation? Comment faire quand l’individu est imposant ou est drogué, donc ne craint pas la blessure? 

Quant à l’interdiction de l’étranglement dans le cadre des arrestation? « Une telle décision est synonyme d’une méconnaissance de la réalité du terrain et démunir les policiers. Un étranglement justifié et mesuré pour seul fait d’interpellation ne pourrait être une atteinte condamnable. Aujourd’hui, on est entrain de démunir les policiers, c’est pas avec des chatouilles qu’on arrête les gens, c’est une vraie dérive. Cette position du ministre ne correspond pas à la réalité du terrain » pense Djamaldine Djabiri. Le bureau national d’Unité SGP Police-FO sera reçu jeudi au ministère en attendant les policiers ne se mettront pas en danger. 

Pour Alliance Police Nationale « ça n’est pas une bonne idée de suspendre sans proposer une autre mesure réglementaire moins impactant physiquement. Avant de suspendre, pourquoi ne s’est-on pas concerté avec les experts de la formation? Comment faire quand l’individu est imposant ou est drogué, donc ne craint pas la blessure? Cette technique permettait l'immobilisation par la coupure du souffle sans risque réel de mort. Pourquoi suspend-on l’étranglement? Quels sont les chiffres qui permettent d’appuyer cette suspension? Et quelle est l’autre solution proposée? »
Autant de questionnements pour des policiers qui se demandent ce que l’on attende d’eux aujourd’hui.