Prévoir ce que vont faire les électeurs aux législatives est beaucoup plus compliqué. A la présidentielle, tous les électeurs sont confrontés au même choix. Les sondeurs interrogent un panel, c’est-à-dire un échantillon représentatif de la population française: les citadins et les ruraux, dans plusieurs régions, les jeunes adultes, les plus anciens, les travailleurs, les chômeurs, les retraités, les hommes et les femmes de différentes catégories sociales.
Cela donne des tendances de plus en plus fiables à l’approche du scrutin. Pour les législatives, c’est une toute autre affaire. La présidentielle c’est une élection. Les législatives ce sont 577 élections. Les sonder toutes coûterait une fortune en moyens humains et matériel, personne ne le fait. Seules quelques circonscriptions sont scrutées à la loupe, mais cela ne donne pas une vision d’ensemble
Les sondages pour les législatives se présentent en deux parties
On présente d’abord les intentions de vote, et ensuite la répartition en siège. Il est demandé aux sondés pour quel parti politique ils ont l’intention de voter. La question est déjà biaisée dès le départ car souvent l’électeur ne choisit pas un parti, mais une personnalité de sa région qu’il souhaite voir accéder au rang de député. Ensuite, un deuxième chapitre du sondage essaie de prévoir la répartition en sièges à l’Assemblée, pour savoir qui aura la majorité.
C’est un calcul compliqué. Il y a beaucoup de facteurs qui doivent entrer en ligne de compte. Sachant qu’il faut au moins 12,5% des inscrits pour se maintenir au deuxième tour, ce critère change de valeur d’une circonscription à l’autre.
Par exemple à Mayotte, il faut atteindre 5 306 voix pour se maintenir au deuxième tour dans la 1ère circonscription, 6218 voix dans la 2ème… à St Pierre et Miquelon 631 voix suffisent. Ensuite, il y a la probabilité des triangulaires, c’est-à-dire trois candidats au deuxième tour, cela arrive assez souvent, tout cela rend les calculs aléatoires.
Les sondages actuels donnent plus d’intentions de vote à la gauche, mais pas le plus grand nombre de sièges
La NUPES, la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale de Jean-Luc Mélenchon est en tête des intentions de vote, environ 30%. Elle est au-dessus du parti présidentiel Renaissance, mais en sièges c’est l’inverse.
Pourquoi ? Parce que l’électorat de gauche est plus concentré dans quelques grandes zones urbaines, alors que les macronistes sont mieux répartis sur l’ensemble du territoire, donc susceptibles d’avoir le plus grand nombre de députés.
C’est la règle du scrutin majoritaire à deux tours par circonscription. C’est la raison pour laquelle certains appellent à un mode de scrutin proportionnel, surtout le Rassemblement National qui n’a que 8 députés alors qu’il est censé représenter jusqu’à 40% de l’électorat.
La proportionnelle est une vieille revendication. Elle est plus juste, mais le risque est qu’elle ne dégage pas de majorité en entraine une instabilité permanente du pouvoir. Le débat est loin d’être tranché.