Projets de loi Mayotte : "Nous, les organisations syndicales, nous avons très peur", prévient la CGT

Haoussi Boinahedja, secrétaire départemental de la CGT était l'invité de Zakwéli de ce mercredi 15 mai
Haoussi Boinahedja, le secrétaire départemental de la CGT, était l'invité de Zakweli ce mercredi. Le syndicaliste est revenu sur leurs exigences à deux jours de la présentation des projets de loi Mayotte.

C'est la bientôt la fin du suspense autour des projets de loi Mayotte. Le projet de loi ordinaire et la révision constitutionnelle pour supprimer le droit du sol seront présentés aux élus mahorais ce vendredi 17 mai à l'Élysée. "Nous, les organisations syndicales, nous avons très peur", prévient Haoussi Boinahedja, le secrétaire départemental de la CGT. "Notre peur, c’est la posture que vont prendre les élus. En tant que syndicaliste, quand je vais dans des négociations, je mets des limites, des points non négociables. Jusqu’à maintenant, on ne sait pas s’il y a eu une réunion entre tous les élus pour trouver une posture commune."

Le projet de loi se basera sur les 120 propositions du conseil départemental, rédigées en septembre. "Nous avons été informés de ces propositions, mais on n'a jamais eu de réunion de travail ou de concertation", explique le syndicaliste. "Nos attentes sont simples : l’alignement du SMIC et de la retraite avec la métropole et l'alignement du taux d’indexation avec la Réunion pour rendre Mayotte plus attractive."

Un alignement du SMIC immédiat

Pour l'alignement des droits, le patronat explique ne pas être en mesure de l'appliquer avant 2031, sans soutien de l'État pour compenser la hausse des cotisations. "Nous demandons que cet alignement des droits sociaux soit immédiat, car on ne peut pas dire aux Mahorais, qu’il faut attendre jusqu’en 2031 pour être de vrais Français. Ce n’est pas audible", balaye le représentant de la CGT.

"En 2015, on a été aligné au SMIC net métropolitain. Après, l’écart s’est creusé car l’augmentation du SMIC s’est faite sur des bases différentes entre la métropole et Mayotte. Ce que nous réclamons, ce n’est pas l’alignement du SMIC net, mais un alignement du SMIC brut", précise-t-il. "Aujourd'hui, sur la part de la cotisation sociale vieillesse, le patronat paye 9,90% alors que dans l’Hexagone, il paye 8,55%. Il suffit de prendre ce surplus et l’injecter dans le brut et ça fera remonter considérablement le SMIC."

"Une arnaque" sur les retraites 

Il dénonce même "une arnaque" concernant les retraites des Mahorais. "Il y a un rapport de la sécurité sociale qui est paru en 2022. La caisse de sécurité sociale a encaissé 271 millions d’euros de cotisations sociales, dont 109 millions pour la cotisation sociale vieillesse", détaille Haoussi Boinahedja. "Les pensions distribuées sont de l’ordre de 9 millions d'euros pour environ 2.600 retraités mahorais. On remonte cette manne financière pour aider des retraités qui perçoivent le double de ce que touchent les retraités mahorais."

La ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, a déjà prévenu que sur ces enjeux, les partenaires sociaux devaient trouver un accord. "Le patronat, il est là pour s’engraisser sur le dos des salariés, on ne pourra jamais être d’accord", assène le secrétaire départemental de la CGT. "Nous avons déjà prévenu la ministre que nous combattrons cette loi, si nous n'y trouvons pas notre compte."