Quand la violence s'invite au tribunal

7 individus sont jugés par la Cour d’assises des mineurs jusqu’au 28 juin 2024.
Ce mercredi, le tribunal correctionnel statuait à juge unique. Des affaires pour lesquelles les peines sont "légères" comparées à celles à jugement collectif. Mais des affaires qui comportent de faits graves comme des violences conjugales ou volontaires.

A Mayotte, tout le monde se plaint de la violence. Une violence qui est aussi à l'intérieur des foyers de l'île. En témoigne cette affaire opposant Warda* et Fahar*, un couple habitant à Labattoir. L'homme est poursuivi pour avoir porté des coups sur sa compagne d'alors en janvier 2020 et mars 2021. Les certificats médicaux attestent de la violence des coups : gifles au visage, strangulations au cou, hématomes à la tête et à la hanche. A la barre l'homme tente de s'expliquer et affirme que c'est en répondant aux provocations et coups de Warda qu'il s'est défendu et a eu la main lourde.

Violences conjugales : des faits graves pour la substitute du procureur

Entre les deux épisodes violents, celle-ci a décidé de le quitter et de prendre les enfants avec elle. La séparation est difficile. Elle a dû avoir recours au juge des affaires familiales pour demander une pension alimentaire. Une pension que Fahar refuse de payer.

Elle a été fixée en fonction de vos revenus et de vos charges. Vous ne pouvez pas de vous-même décider de ne pas la payer. Si vous voulez en constater le montant, il faut vous présenter devant le juge des affaires familiales.

Liselotte Poizat, présidente du tribunal correctionnel

Pour la substitute du procureur Sarah M'buta, Fahar minimise les faits et n'a aucune mesure de la gravité des faits qui lui sont reprochés. Elle requiert 6 mois de prison avec sursis probatoire de 2 ans, une interdiction d'approcher le domicile de Warda et une obligation d'indemniser la victime. Une réquisition suivie par la présidente Poizat, qui condamne Fahar.

Il fonce sur elle avec son 4*4

Autres faits de violences, autres lieux. Cette fois-ci, les faits se sont déroulés en septembre 2016. Hamada est à la barre. Dans son costume noir un peu serré, il répond des accusations de violences volontaires. Il a percuté Fatima* à Kangani avec son 4*4. Les deux individus sont en conflit depuis des mois pour un terrain à Kangani.
Dans son témoignage, la victime affirme avoir vu le prévenu dans son véhicule aller en direction de Mtzamboro sur la RN1. Puis l'ayant aperçue, il a fait demi-tour et a foncé volontairement sur elle.
L'expert automobile va dans ce sens également, convaincant également la substitute du procureur et la présidente du tribunal. Mais pour l'avocat de Hamada, l'expertise ne vaut rien.

Avec tout le respect que j'ai pour les femmes de ménage, cette expertise est une expertise de femme de ménage, c'est une expertise magnégné, elle n'est pas sérieuse !"

Maître Nadjim Ahamada, avocat de Hamada

En effet, selon lui, elle a été bâclée. Le choc entre les deux véhicules a eu lieu sur la portière avant gauche du véhicule de Fatima. Or les photos et le rapport de l'expert se concentrent sur l'arrière du véhicule. Dans sa plaidoirie, il balaie d'un revers de main les réquisitions du parquet en affirmant l'innocence de son client et que l'accident volontaire n'est qu'une "supputation". Bien qu'il ait demandé la relaxe, son client a été condamné à 12 mois de prison avec sursis probatoire de 2 ans, l'obligation d'indemniser la victime à hauteur de 2 400 € (au lieu des 10 000 € demandés) et l'interdiction de port d'armes (y compris le shombo) pendant 5 ans.

Choqué par le verdict, Hamada envisage de faire appel.

* Prénoms modifiés