Quand les candidats débattent sur l’Islam

Islam-livre de prières.
A quelques jours du ramadan, les musulmans ont de quoi être consternés par la tournure des débats agités par quelques candidats à l’Elysée. Chacun y va de son idée, en ignorant souvent la place de cette religion dans les départements de l’Océan Indien

En 2009, la Suisse a décidé par référendum l’interdiction de construire des minarets. L’idée a inspiré Éric Zemmour. Le candidat de « Reconquête » répète à qui veut l’entendre que pour lui « l’islam et l’islamisme c’est la même chose ». Il veut faire interdire les minarets même à Mayotte où toute la population est musulmane. « Mayotte est française » assène Zemmour, « elle n’échappera pas à la règle ». Cependant un internaute fait remarquer que l’on y construit certes des mosquées, mais de moins en moins de minarets.

Valérie Pécresse ne veut pas être en reste. Elle a annoncé qu’elle interdira les repas de substitution dans les cantines scolaires : « s’il y a du porc au menu, il y aura du porc et rien d’autre ! » a martelé la candidate LR. C’était lors d’une conférence de presse sur le thème du rétablissement de l’ordre. L’Islam est vu par ces deux candidats sous un angle avant tout sécuritaire.

Du côté de Marine le Pen l’approche est plus nuancée

Aussi étonnant que cela puisse paraître, alors qu’elle a été la première à mettre sur le marché les idées les plus sévères contre l’Islam, Marine le Pen transige désormais sur l’interdiction du voile. L’interdire en France métropolitaine oui, mais « pas en outremer où le voile n’est pas un message politique » dit-elle.

Marine le Pen est aussi celle qui a su se faire accueillir chaleureusement par les musulmans de Mayotte, allant jusqu’à faire opportunément acte de présence dans des prières collectives entourée de cadis et de notables religieux. Cela ne date pas d’hier, c’était déjà le cas lors de campagne de 2017. Marine le Pen joue habilement sur tous les tableaux, laissant se déverser sur Éric Zemmour les accusations de racisme et d’exclusion.

Les autres candidats restent discrets sur la question

Emmanuel Macron ne se positionne pas. Il a fait voter la loi contre les séparatismes religieux, et n’en parle plus. Le président candidat n’a même pas évoqué l’islam pendant les 4 heures de la grande conférence de presse de présentation de son programme.

Jean-Luc Mélenchon, lui, veut abroger cette loi sur les séparatismes. Mais le leader des insoumis est toutefois partisan d’une laïcité stricte, il veut même « interdire aux représentants de l’Etat d’assister à des cérémonies religieuses » quelles qu’elles soient. Dans le reste de la gauche, Anne Hidalgo et Yannick Jadot restent discrets. Yannick Jadot ne veut plus que les cultes soient de la responsabilité du ministère de l’intérieur, il veut les rattacher à la justice.