Retour en arrière de 10 ans avec une revue de presse journaux de l'époque. Et bien entendu, c'est l'accession à la départementalisation qui s'étalait en une des journaux mahorais.
Les Nouvelles de Mayotte, titraient "Enfin !"
Il aura fallu attendre plus de 50 ans pour que Mayotte accède ce soir à minuit pile au statut de département d’Outremer. Mayotte sera le 5e DOM et le 101e département de la République française.
Un combat de plusieurs générations, mené par des figures qui hélas ne sont plus de ce monde. Zakia Madi, Zéna M’déré, Younoussa Bamana pour les plus emblématiques qui sont là haut, seront sans doute très fier du chemin accompli par les Mahoraises et Mahorais, qui contre vents et marées se sont battus pour accéder à ce statut qui fait aujourd’hui leur fierté.
De son côté, le quotidien Albalad (aujourd’hui disparu) dans son numéro spécial décrit l’histoire de Mayotte, fait parler les différents protagonistes de ce combat qu’ils soient Sorodas, c’est-à-dire partisans de Mayotte française comme l’ancien sénateur Adrien Giraud, l’ancien maire de Tsingoni et ancien député de Mayotte à l’assemblée territoriale des Comores Zoubert Adinani, ou Serrez-la-main à l’image d’Ali Saïd, ancien instituteur et conseiller pédagogique.
Albalad décrit le nouveau statut juridique et ses conséquences, et recueille les attentes des Mahorais pour ce département. Ainsi Salim Nahouda, secrétaire général de la CGT-MA assure que département = mesures sociales, droit, droit à la formation et temps de travail. Celui-ci réclame une application immédiate et dénonce les disparités présentes entre la fonction publique et le privé.
Saïd Bastoi, président de la CGPME, devenue depuis CPME, réclame les mesures d’allégements fiscaux, d’exonération de charges sociales et d’aide aux financements pour qu’on puisse accompagner les petites entreprises. Des préoccupations qui sont toujours d’actualité 10 ans après.Toujours dans Albalad, certains appellent à la prudence et au combat.
La départementalisation est pire que le prince charmant. C’est comme le beaujolais nouveau, on l’attend, mais on connaît la chanson, on sait que l’on va être déçu.
Et celui-ci se demande si les Mahorais ont bien compris ce que sont les charges fiscales, les impôts sur le revenu, les taxes foncières et il conclut : "Penser que les institutions vont apporter un mieux-être est absurde !"
Dans les Nouvelles de Mayotte, Denis Hermann cite les nombreux chantiers à compléter : le foncier, la fiscalité. Et il écrit : Non la départementalisation chèrement acquise et effective ne règlera pas tout demain matin au lever du soleil comme par enchantement. Il faudra déjà élire le président d’un exécutif régional et départemental.
19 conseillers généraux convoqués en assemblée plénière pour chercher un successeur à Ahamed Attoumani Douchina.
Le 31 mars 2011, c'est ce qui était prévu : trouver un successeur au conseiller général de Kani-Kéli et qui deviendra premier président du département de Mayotte. Flash Infos avait anticipé la venue de milliers de Mahorais à Mamoudzou pour assister à cette élection historique en annonçant la fermeture à la circulation de tout le centre-ville de Mamoudzou. Avec la venue de la ministre des Outremer et les festivités sur la place de la République, la circulation a été déviée par les hauts.
Concernant l’élection en elle-même, Flash Infos a pu joindre le conseiller général de Koungou Saïd Ahamadi Raos. Et celui-ci annonçait que certains de ses collègues étaient injoignables à l’instar de Jacques Martial Henry, Saïd Salimé et Daniel Zaïdani. Il évoquait des pressions de l’UMP et de la ministre des Outremer Marie-Luce Penchard pour faire pencher la balance pour une reconduction d’Ahamed Attoumani Douchina. Et celui-ci s'est laissé aller à faire des pronostics.
Je vois un exécutif avc Raos comme président, Sarah Mouhoussoune comme 1ère vice-présidente, Rastami Abdou comme 2e vice-président et Saïd Omar Oili, président d’une belle commission.
Le coup de théâtre des élus de l'UMP
Mais rien ne s'est déroulé comme l'avait prévue Raos.et les titres de Mayotte Hebdo daté du jeudi 31 mars 2011 mais sorti le vendredi 1er avril le confirment. Mayotte département sans président peut-on y lire. Le 31 mars 2011, alors que tout le monde s’attendait à l’élection du nouveau président, l’élection n’a pas eu lieu.
En effet, seulement 11 conseillers généraux se sont présentés ici même. Un nombre insuffisant pour procéder à l’élection. La ministre des Outremer Marie-Luce Penchard, informée des événements annule sa venue à Mayotte.
Les absents sont surtout issus de l’UMP, le parti du président sortant Douchina ce qui fait réagir le camp des progressistes.
L’UMP, c’est l’Union des mauvais perdants !
Aujourd’hui, celui-ci fait partie du cabinet du président du conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani, dont le parti est Les Républicains, l’héritier de l’UMP.
Les Nouvelles de Mayotte titrent donc dans leur édition spéciale "Affligeant !" Un affligeant spectacle que Daniel Zaïdani qualifie d’insulte à la population. Daniel Zaïdani qui pour le coup a été élu symboliquement président du département, contrairement aux pronostics de Raos, qui obtiendra la 3e vice-présidence.
Et cette colère de la population, on la retrouve dans Mayotte Hebdo. De nombreuses réactions sont recueillies.
Tous les Mahorais sont extrêmement déçus, voire dégoûtés. Certains sont venus de très loin.
Personne ne s’attendait à ça, c’est plus une tristesse qu’une fête ».
D’autres savent que le département est acquis et c’est l’essentiel.
Dites-nous quand nous devons revenir pour la fête et je reviens. Moi ce que je veux, c’est le département, c’est tout ce qui compte pour moi
Les autres nouvelles à l'affiche du 31 mars 2011
Les Nouvelles de Mayotte et Flash Infos parlent le cambriolage d’un restaurant qui venait à peine d’ouvrir à Kawéni.
Le lancement de Kwezi TV faisait l’objet d’un article dans les Nouvelles de Mayotte.
Et dans Flash Infos, le SNUIPP répondait au préfet Hubert Derache sur l’appel au sens de leurs responsabilités pour ne pas manifester lors de la venue de la ministre des Outremer Marie-Luce Penchard. « Nous espérons vivement que certaines autorités ne donneront pas une image négative de notre république aux Français et à la presse en gâchant ce moment par des zélées actions de maintien de l’ordre » a réagi Rivomalala Rakotondravelo, secrétaire départemental du syndicat.