Organiser un recensement à Mayotte reste une entreprise difficile. La plus grande difficulté réside dans le décompte des personnes en situation irrégulière. Une grande partie d’entre elles vit dans des quartiers informels en périphérie des villes et des villages, difficile d’accès. Certaines familles se sont installées dans la campagne, presque en forêt pour échapper aux contrôles des forces de l’ordre.
Il s’agit aussi d’une population potentiellement mobile au gré des décasages et des expulsions. Tous ces facteurs, l’INSEE doit les prendre en compte et adapter ses méthodes.
Dans son dernier bulletin, l’Institut national de la statistique et des études économiques donne des explications sur la manière dont elle travaille à Mayotte.
« Depuis 2021, le recensement prend à Mayotte la même forme que sur le reste du territoire français, une enquête annuelle couvrant chaque année une partie différente du territoire, avec quelques adaptations aux spécificités mahoraises. C’est au bout d’un cycle de cinq ans, en 2025, qu’on disposera des résultats complets par commune. »
C’est ainsi qu’elle est arrivée au chiffre de 300 000 habitants en 2021. Un chiffre immédiatement remis en cause, non seulement par une majorité de la population, mais aussi par des responsables politiques. Le point le plus contesté est la part de la population en situation irrégulière. Elle serait sous-estimée pour ne pas provoquer de réactions hostiles.
Des personnalités, dont des maires notamment ont affirmé ne pas avoir reçu la visite d’agents recenseurs dans leurs foyers. Là aussi, l’INSEE a donné des explications :
« Les agents recenseurs sont recrutés localement par la commune. Ils travaillent à proximité de leur domicile et se rendent dans tous les quartiers. Le respect de la confidentialité permet de recenser tous les résidents, y compris ceux en situation irrégulière. »
Beaucoup plus qu’ailleurs sur tout le territoire national, le recensement des habitants à Mayotte a des répercussions politiques. Il sert aussi de baromètre du poids des immigrés illégaux et de l’efficacité de la politique de la lutte contre l’immigration clandestine.