Réforme des retraites : Les syndicats de Mayotte tiennent le cap

À Mayotte pas de mobilisation dans les rues, ni d’émeutes, mais les syndicalistes sont tout aussi indignés par la décision du Conseil Constitutionnel. « C'est une très grande déception, j’ai de l’amertume. Avec tout ce qu’il se passe grâce à la mobilisation des Français, j’étais persuadé qu’il n’allait pas du tout valider », indique Ousséni Balahachi, le secrétaire général de la CFDT Mayotte. Même son de cloche du côté de la CGT. « Jusqu’au dernier moment on espérait une décision juste dans la mesure où cette mesure est désavouée par l’ensemble du peuple français. Comment peut-on appliquer une réforme qui est désavouée par la population ? » s’interroge Hawoussi Boinahedja, secrétaire général adjoint de la CGT Mayotte. Pour Djoumoy Djoumoi, président de la CFE-CGC, cette décision ne contribue certainement pas à apaiser les tensions dans le pays. « On est en train de créer une tempête sociale dans la France toute entière. »

La promulgation de la loi, la goutte de trop

Le président de la république Emmanuel Macron n’a pas voulu perdre de temps puisque dès samedi matin, au lendemain de la décision du Conseil Constitutionnel, il a promulgué la loi au Journal Officiel, alors qu’il avait 15 jours pour le faire. Cet acte est vécu comme un affront pour les syndicalistes. « Il exclut encore une fois cette démarche recherchée par les partenaires sociaux de vouloir discuter avant de promulguer et aller plus loin. On est complètement consternés face à une telle situation », s’indigne le représentant de la CFE-CGC. Et à Ousséni Balahachi d’ajouter « Cela montre son mépris et son arrogance. Les Français peuvent rester dans la rue autant de temps qu’ils voudront mais rien ne changera pour lui. »

Un appel à une mobilisation massive le 1er mai

Le verdict du Conseil Constitutionnel et la promulgation de la loi ne démotivent pas les organisations syndicales, bien au contraire. Les appels à une mobilisation massive dans les rues le 1er mai se multiplient au niveau national mais également à Mayotte. « Nous allons contester cette réforme jusqu’au bout. On se mobilise et on lutte car notre ADN est d’engager le rapport de force. Dans la mesure où on a la population derrière nous, nous n’allons rien lâcher », lance le secrétaire général adjoint de la CGT Mayotte. Si certains s’interrogent sur l’utilité d’aller manifester encore maintenant, les syndicalistes gardent espoir. « Tant que la population continuera à se mobiliser, je suis confiant qu’un jour le président va revenir sur sa décision et retirer cette loi qui est plus nuisible qu’autre chose », souligne le secrétaire général de la CFDT Mayotte. Et même ceux qui n’ont pas l’habitude de manifester, sont prêts à le faire. « C’est quelque chose d’exceptionnel, ce n’est pas dans l’ADN de la CFE-CGC, mais on sera au rendez-vous le 1er mai », annonce son président.
Reste à savoir maintenant si les Mahorais se mobiliseront massivement cette fois-ci. Réponse dans deux semaines.