Eau potable à Mayotte: Allons- nous vivre au gré des rebondissements du conflit entre le SIEAM et la SMAE-SOGEA-VINCI ?
Selon Anne Perzo-Lafond du Journal de Mayotte - JDM, " Ça va commencer à ressembler à la saga de la DSP du port de Longoni..."
CLIQUEZ pour lire l'article en entier...
Selon Anne Perzo-Lafond du Journal de Mayotte - JDM, " Ça va commencer à ressembler à la saga de la DSP du port de Longoni..."
CLIQUEZ pour lire l'article en entier...
Nous consacrons, à nouveau, l'émission " LES ENTRETIENS DE MANU " à ce dossier crucial de l'eau potable à Mayotte avec Zaidou BAMANA, journaliste - écrivain qui suit, depuis des mois, l'évolution de cette affaire.
Emmanuel TUSEVO DIASAMVU s'entretient avec lui sur les antennes de Radio Mayotte La 1ère, samedi 13 avril 2019 à 13h, heure de Mayotte. L'émission est rediffusée dimanche 14 avril 2019 à 20 heures.
Vous pouvez également réécouter ce programme à votre guise en PODCAST.
CLIQUEZ : https://la1ere.francetvinfo.fr/mayotte/emissions-radio/entretiens-manu
Voici le dernier dossier publié par Zaidou BAMANA sur LA RUPTURE ANTICIPEE DE LA DSP SIEAM CONTRE SMAE- SOGEA-VINCI
Pour mieux comprendre le conflit, la guerre entre le SIEAM (Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte) et la SMAE (Société mahoraise des eaux) avec Zaidou BAMANA, Journaliste-Ecrivain.
Rupture anticipée du contrat de Délégation de service public (DSP) de l’eau potable
FLASH INFO n°4519 Lundi 8 avril 2019
DSP de l’eau potable
Saïd Omar Oili : l’homme de Vinci
Le président du SIEAM a officiellement rompu mardi le contrat d’affermage du service public de l’eau potable confié à la SMAE, contre l’avis du président de l’Association des maires qui s’oppose à cette déchéance.
Le président du Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte (SIEAM), Moussa Mouhamadi “Bavi” a adressé mardi 2 avril, une lettre circonstanciée au directeur de la Société mahoraise des eaux (SMAE), l’informant de la rupture anticipée du contrat de Délégation de service public (DSP) de l’eau potable dévolue à la Société à compter du 1er janvier 2020. Il est toutefois demandé au fermier d’assurer la continuité du service pendant les six mois à venir. A la date indiquée, le syndicat lancera la procédure d’appel d’offres avec mise en concurrence pour l’attribution du marché.
La maire de Sada et sa collègue de Chirongui se sont inquiétées de cette nouvelle, réaction bien tardive pour un dossier ouvert en 2015, qui a atteint son point culminant en 2018.
La décision du président du SIEAM crée un précédent, la presse le décrit déjà comme “le Mahorais qui osé tenir tête au préfet et qui a fait plier Vinci”. L’acte est courageux. A l’opposé, le comportement de son principal adversaire dans cette affaire, Saïd Omar Oili, apparaît aliénant.
Le président de l’Association des maires de Mayotte (AMM) n’a cessé d’accumuler les maladresses dans la gestion du conflit. Son “immixtion” dans la gestion et le fonctionnement du syndicat intercommunal lui a valu une menace de plainte pour “allégations mensongères” et “dénonciation
calomnieuse”.
Pourquoi le président de l’AMM met-il tant d’acharnement à défendre la cause de la SMAE ?
Pourquoi cette obstination à s’opposer à la procédure de déchéance du fermier pour “faute
grave” et au motif de “l’intérêt général”?
Pourquoi ferme-t-il les yeux sur les évidences mises en exergue par l’audit du cabinet Cogite et par la Chambre régionale des comptes, notamment la
confiscation de recettes destinées au SIEAM à bon droit, la volonté de l’entreprise d’augmenter abusivement le prix de l’eau de 20 % ou encore des faits susceptibles de “qualification judiciaire”?
A quelle fin et en vertu de quelle autorité propose-t-il un avenant de la DSP jugé irrecevable par le Comité syndical car “préjudiciable au syndicat intercommunal” ?
Les réponses à ces questions se trouvent peut-être au siège du groupe Vinci. Un contrat immobilier de 49 M€ Le “plus gros contrat immobilier” de l’histoire de Mayotte a été signé récemment par le maire de Dzaoudzi-Labattoir, Saïd Omar Oili. Un nouveau quartier doit naître à Labattoir avec des
logements construits dans une zone inoccupée, entourée d’habitations précaires et/ou illégales.
Le 28 février 2019, le promoteur présentait ainsi le marché : “Ocidim, SMTPC et Sogea Mayotte (toutes filiales de Vinci Construction DOM-TOM) viennent de se voir confier la réalisation de 240 logements en vente en l’état futur d’achèvement (Vefa) à Dzaoudzi, soit la plus grosse opération immobilière jamais lancée à Mayotte”.
Nommée Marzoukou, celle-ci concerne 216 logements sociaux, 24 logements domaniaux et un local d’activités, sur une superficie de 22.192 m2. L’ensemble est réparti sur six bâtiments.Le projet répond aux besoins de logements de la commune, favorise la mixité sociale et amorce le développement du lieu-dit Oupi, où d’autres aménagements sont prévus. 24 logements sont commandés par l’armée pour accueillir son personnel, tous corps confondus.
Les travaux dureront quatre ans. Il s’agit en fait du premier contrat remporté par Ocidim à Mayotte. Le budget de construction s’élève à 38 millions d’euros, précise Christophe Arnoud, directeur général de la société Ocidim. Le coût total du projet s’élève à 49 millions d’euros.
Pour le promoteur, “ce type d’opération est un catalyseur urbain pour tout le quartier”, les logements devraient motiver la création de commerces, de services, davantage de logements alentour. Engagé dans le développement du logement social, l’Etat participe au financement à hauteur de 5,5 millions d’euros avancés par la Deal, partenaire du projet, et 12 millions d’euros seront investis sous forme de défiscalisation. Le terrain appartenait jadis à France Télécom.
Selon le Journal de Mayotte, le maire a personnellement négocié la cession de la parcelle “en se rendant au siège de France Télécom à Paris pour convaincre la société publique de vendre le terrain à Ocidim plutôt qu’à l’armée ou à un autre candidat”.
Le président de l’Association des maires a donc intérêt à agir pour soutenir la SMAE. Pourtant l’entreprise, liée à Ocidim, peut bien se passer de ses services, étant une filiale d’un groupe coté au CAC 40.
Le syndicat contre la multinationale Ocidim, société en nom collectif, est active depuis 11 ans. Installée dans le département voisin, à Saint-Denis, elle est spécialisée dans le secteur d’activité de la promotion immobilière d’autres bâtiments. Sur l’année 2014 elle a réalisé un chiffre d’affaires de 27.116.900,00 € contre 37.683.046 € en 2015. Le total du bilan a augmenté fortement entre les deux exercices.
Roger Georges, gérant de la société basée à La Réunion, peut être fier de la filiale de développement immobilier de Vinci Construction DOMTOM, engagée, au titre des grands projets, dans le chantier du siècle : la Nouvelle route du littoral dotée d’un budget initial de 4 milliards d’euros.
Avec 8 filiales à La Réunion, une expertise et un savoir-faire mondialement reconnus, le réseau est fédéré autour d’une volonté commune : “être au service des collectivités et contribuer à leur développement”.
Le groupe a fait de la proximité l’un de ses principaux atouts. Son histoire ultramarine remonte à plus de cinquante ans et repose sur la réalisation de grands ouvrages, qui participent au développement du tissu économique et social local. Au-delà de leurs identités propres et du patrimoine professionnel qui marque leurs empreintes, les vingt-huit filiales implantées dans l’océan Indien, le Pacifique et aux Antilles affichent une cohésion qui se décline autour de quatre axes: “la créolité, l’autonomie, la transversalité et l’esprit d’entreprise”. Renommées sur leurs territoires respectifs, ces entreprises imbriquées partagent également une riche expérience qui s’est révélée au fil du temps avec des chantiers aussi complexes que divers. Elles ont su valoriser une expertise et un savoir-faire que leur appartenance à la multinationale est venue légitimer.
Le président du SIEAM récuse donc les pratiques prédatrices d’une multinationale ayant les faveurs du président de l’AMM, qui ignore le vote unanime du Comité syndical.
Dans sa communication institutionnelle, Vinci se présente comme “un acteur mondial des métiers des concessions et du contracting”, employant près de 211.000 collaborateurs dans une centaine de pays. Sa mission est de “concevoir, financer, construire et gérer des infrastructures et des équipements qui contribuent à l’amélioration de la vie quotidienne et à la mobilité de chacun”. Parce que sa vision de la réussite est globale et va au-delà de ses résultats économiques, le consortium s’engage “sur la performance environnementale, sociale et sociétale de ses activités”. Parce que ses
réalisations sont d’utilité publique, la holding considère “l’écoute et le dialogue avec l’ensemble des parties prenantes de ses projets comme une condition nécessaire à l’exercice de ses métiers”.
L’ambition du groupe est ainsi de “créer de la valeur à long terme pour ses clients, ses actionnaires, ses salariés, ses partenaires et pour la société en général”.
Une grève qui dégrade l’image du groupe
Cette communication apparaît fictive dans le contexte mahorais. D’une part, le contentieux sur la DSP de l’eau potable dément cette fausse publicité. D’autre part, la grève des personnels de la SMAE et de la SOGEA, qui s’enlise depuis deux semaines, prouve que le dialogue est factice.
Lundi, les grévistes ont demandé au président du SIEAM de servir d’intermédiaire auprès de la direction de la SMAE, or lui-même n’arrive pas à négocier avec des dirigeants hermétiques à toute concession.
Selon Balahachi Ousseni, secrétaire départemental CFDT, les revendications des cadres et ouvriers sont pourtant “légitimes”, à savoir : “le respect de la direction envers ses salariés, une hausse de salaires de 250 euros, et non de 20 euros en moyenne proposée par la direction, la prise en compte de l’ancienneté dans l’élaboration de la grille salariale, etc.”. Au regard des profits générés sur le territoire par le groupe, qui jouit d’une situation de monopole sur certains segments du marché de l’eau potable, “ce n’est pas la mer à boire”, ironise le syndicaliste.
Faut-il rappeler que le président de l’association des maires, conscient des salaires parfois indécents versés par les majors du BTP, ne s’est pas montré une seule fois solidaire des employés, qui sont aussi des administrés et des contribuables. Cette indifférence est d’autant plus dommageable que les pratiques vertueuses mises en œuvre par le groupe à La Réunion ne sont pas appliquées à Mayotte. Le 19 mars 2018 par exemple, avait lieu la grande finale du Challenge InnovaTech organisé par “Elles bougent”, association dont Vinci est partenaire promouvant
“l’enrôlement des jeunes lycéennes dans les filières scientifiques et technologiques grâce à un système de marrainage”. Saïd Omar Oili pourrait user de son influence pour que ce partenariat soit étendu dans l’île, mais on attend toujours de sa part une médiation incorruptible auprès des puissances de l’argent, en vain.
Zaïdou BAMANA
Emmanuel TUSEVO DIASAMVU s'entretient avec lui sur les antennes de Radio Mayotte La 1ère, samedi 13 avril 2019 à 13h, heure de Mayotte. L'émission est rediffusée dimanche 14 avril 2019 à 20 heures.
Vous pouvez également réécouter ce programme à votre guise en PODCAST.
CLIQUEZ : https://la1ere.francetvinfo.fr/mayotte/emissions-radio/entretiens-manu
Voici le dernier dossier publié par Zaidou BAMANA sur LA RUPTURE ANTICIPEE DE LA DSP SIEAM CONTRE SMAE- SOGEA-VINCI
Pour mieux comprendre le conflit, la guerre entre le SIEAM (Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte) et la SMAE (Société mahoraise des eaux) avec Zaidou BAMANA, Journaliste-Ecrivain.
Rupture anticipée du contrat de Délégation de service public (DSP) de l’eau potable
FLASH INFO n°4519 Lundi 8 avril 2019
DSP de l’eau potable
Saïd Omar Oili : l’homme de Vinci
Le président du SIEAM a officiellement rompu mardi le contrat d’affermage du service public de l’eau potable confié à la SMAE, contre l’avis du président de l’Association des maires qui s’oppose à cette déchéance.
Le président du Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte (SIEAM), Moussa Mouhamadi “Bavi” a adressé mardi 2 avril, une lettre circonstanciée au directeur de la Société mahoraise des eaux (SMAE), l’informant de la rupture anticipée du contrat de Délégation de service public (DSP) de l’eau potable dévolue à la Société à compter du 1er janvier 2020. Il est toutefois demandé au fermier d’assurer la continuité du service pendant les six mois à venir. A la date indiquée, le syndicat lancera la procédure d’appel d’offres avec mise en concurrence pour l’attribution du marché.
La maire de Sada et sa collègue de Chirongui se sont inquiétées de cette nouvelle, réaction bien tardive pour un dossier ouvert en 2015, qui a atteint son point culminant en 2018.
La décision du président du SIEAM crée un précédent, la presse le décrit déjà comme “le Mahorais qui osé tenir tête au préfet et qui a fait plier Vinci”. L’acte est courageux. A l’opposé, le comportement de son principal adversaire dans cette affaire, Saïd Omar Oili, apparaît aliénant.
Le président de l’Association des maires de Mayotte (AMM) n’a cessé d’accumuler les maladresses dans la gestion du conflit. Son “immixtion” dans la gestion et le fonctionnement du syndicat intercommunal lui a valu une menace de plainte pour “allégations mensongères” et “dénonciation
calomnieuse”.
Pourquoi le président de l’AMM met-il tant d’acharnement à défendre la cause de la SMAE ?
Pourquoi cette obstination à s’opposer à la procédure de déchéance du fermier pour “faute
grave” et au motif de “l’intérêt général”?
Pourquoi ferme-t-il les yeux sur les évidences mises en exergue par l’audit du cabinet Cogite et par la Chambre régionale des comptes, notamment la
confiscation de recettes destinées au SIEAM à bon droit, la volonté de l’entreprise d’augmenter abusivement le prix de l’eau de 20 % ou encore des faits susceptibles de “qualification judiciaire”?
A quelle fin et en vertu de quelle autorité propose-t-il un avenant de la DSP jugé irrecevable par le Comité syndical car “préjudiciable au syndicat intercommunal” ?
Les réponses à ces questions se trouvent peut-être au siège du groupe Vinci. Un contrat immobilier de 49 M€ Le “plus gros contrat immobilier” de l’histoire de Mayotte a été signé récemment par le maire de Dzaoudzi-Labattoir, Saïd Omar Oili. Un nouveau quartier doit naître à Labattoir avec des
logements construits dans une zone inoccupée, entourée d’habitations précaires et/ou illégales.
Le 28 février 2019, le promoteur présentait ainsi le marché : “Ocidim, SMTPC et Sogea Mayotte (toutes filiales de Vinci Construction DOM-TOM) viennent de se voir confier la réalisation de 240 logements en vente en l’état futur d’achèvement (Vefa) à Dzaoudzi, soit la plus grosse opération immobilière jamais lancée à Mayotte”.
Nommée Marzoukou, celle-ci concerne 216 logements sociaux, 24 logements domaniaux et un local d’activités, sur une superficie de 22.192 m2. L’ensemble est réparti sur six bâtiments.Le projet répond aux besoins de logements de la commune, favorise la mixité sociale et amorce le développement du lieu-dit Oupi, où d’autres aménagements sont prévus. 24 logements sont commandés par l’armée pour accueillir son personnel, tous corps confondus.
Les travaux dureront quatre ans. Il s’agit en fait du premier contrat remporté par Ocidim à Mayotte. Le budget de construction s’élève à 38 millions d’euros, précise Christophe Arnoud, directeur général de la société Ocidim. Le coût total du projet s’élève à 49 millions d’euros.
Pour le promoteur, “ce type d’opération est un catalyseur urbain pour tout le quartier”, les logements devraient motiver la création de commerces, de services, davantage de logements alentour. Engagé dans le développement du logement social, l’Etat participe au financement à hauteur de 5,5 millions d’euros avancés par la Deal, partenaire du projet, et 12 millions d’euros seront investis sous forme de défiscalisation. Le terrain appartenait jadis à France Télécom.
Selon le Journal de Mayotte, le maire a personnellement négocié la cession de la parcelle “en se rendant au siège de France Télécom à Paris pour convaincre la société publique de vendre le terrain à Ocidim plutôt qu’à l’armée ou à un autre candidat”.
Le président de l’Association des maires a donc intérêt à agir pour soutenir la SMAE. Pourtant l’entreprise, liée à Ocidim, peut bien se passer de ses services, étant une filiale d’un groupe coté au CAC 40.
Le syndicat contre la multinationale Ocidim, société en nom collectif, est active depuis 11 ans. Installée dans le département voisin, à Saint-Denis, elle est spécialisée dans le secteur d’activité de la promotion immobilière d’autres bâtiments. Sur l’année 2014 elle a réalisé un chiffre d’affaires de 27.116.900,00 € contre 37.683.046 € en 2015. Le total du bilan a augmenté fortement entre les deux exercices.
Roger Georges, gérant de la société basée à La Réunion, peut être fier de la filiale de développement immobilier de Vinci Construction DOMTOM, engagée, au titre des grands projets, dans le chantier du siècle : la Nouvelle route du littoral dotée d’un budget initial de 4 milliards d’euros.
Avec 8 filiales à La Réunion, une expertise et un savoir-faire mondialement reconnus, le réseau est fédéré autour d’une volonté commune : “être au service des collectivités et contribuer à leur développement”.
Le groupe a fait de la proximité l’un de ses principaux atouts. Son histoire ultramarine remonte à plus de cinquante ans et repose sur la réalisation de grands ouvrages, qui participent au développement du tissu économique et social local. Au-delà de leurs identités propres et du patrimoine professionnel qui marque leurs empreintes, les vingt-huit filiales implantées dans l’océan Indien, le Pacifique et aux Antilles affichent une cohésion qui se décline autour de quatre axes: “la créolité, l’autonomie, la transversalité et l’esprit d’entreprise”. Renommées sur leurs territoires respectifs, ces entreprises imbriquées partagent également une riche expérience qui s’est révélée au fil du temps avec des chantiers aussi complexes que divers. Elles ont su valoriser une expertise et un savoir-faire que leur appartenance à la multinationale est venue légitimer.
Le président du SIEAM récuse donc les pratiques prédatrices d’une multinationale ayant les faveurs du président de l’AMM, qui ignore le vote unanime du Comité syndical.
Dans sa communication institutionnelle, Vinci se présente comme “un acteur mondial des métiers des concessions et du contracting”, employant près de 211.000 collaborateurs dans une centaine de pays. Sa mission est de “concevoir, financer, construire et gérer des infrastructures et des équipements qui contribuent à l’amélioration de la vie quotidienne et à la mobilité de chacun”. Parce que sa vision de la réussite est globale et va au-delà de ses résultats économiques, le consortium s’engage “sur la performance environnementale, sociale et sociétale de ses activités”. Parce que ses
réalisations sont d’utilité publique, la holding considère “l’écoute et le dialogue avec l’ensemble des parties prenantes de ses projets comme une condition nécessaire à l’exercice de ses métiers”.
L’ambition du groupe est ainsi de “créer de la valeur à long terme pour ses clients, ses actionnaires, ses salariés, ses partenaires et pour la société en général”.
Une grève qui dégrade l’image du groupe
Cette communication apparaît fictive dans le contexte mahorais. D’une part, le contentieux sur la DSP de l’eau potable dément cette fausse publicité. D’autre part, la grève des personnels de la SMAE et de la SOGEA, qui s’enlise depuis deux semaines, prouve que le dialogue est factice.
Lundi, les grévistes ont demandé au président du SIEAM de servir d’intermédiaire auprès de la direction de la SMAE, or lui-même n’arrive pas à négocier avec des dirigeants hermétiques à toute concession.
Selon Balahachi Ousseni, secrétaire départemental CFDT, les revendications des cadres et ouvriers sont pourtant “légitimes”, à savoir : “le respect de la direction envers ses salariés, une hausse de salaires de 250 euros, et non de 20 euros en moyenne proposée par la direction, la prise en compte de l’ancienneté dans l’élaboration de la grille salariale, etc.”. Au regard des profits générés sur le territoire par le groupe, qui jouit d’une situation de monopole sur certains segments du marché de l’eau potable, “ce n’est pas la mer à boire”, ironise le syndicaliste.
Faut-il rappeler que le président de l’association des maires, conscient des salaires parfois indécents versés par les majors du BTP, ne s’est pas montré une seule fois solidaire des employés, qui sont aussi des administrés et des contribuables. Cette indifférence est d’autant plus dommageable que les pratiques vertueuses mises en œuvre par le groupe à La Réunion ne sont pas appliquées à Mayotte. Le 19 mars 2018 par exemple, avait lieu la grande finale du Challenge InnovaTech organisé par “Elles bougent”, association dont Vinci est partenaire promouvant
“l’enrôlement des jeunes lycéennes dans les filières scientifiques et technologiques grâce à un système de marrainage”. Saïd Omar Oili pourrait user de son influence pour que ce partenariat soit étendu dans l’île, mais on attend toujours de sa part une médiation incorruptible auprès des puissances de l’argent, en vain.
Zaïdou BAMANA