L’écrivain n’en est pas à son premier séjour à Mayotte. En 2017 pour l’écriture de ce roman, il était en visite dans l’île sur les traces de Siti Soumaila. Siti Soumaila, cette mahoraise à la réputation sulfureuse à La Réunion. En 2011, elle a été condamnée à cinq ans de prison pour avoir escroqué plusieurs personnes. Le montant du préjudice est évalué à plus d’un million d’euro.
Fidèle à son image intrigante, elle disait avoir eu une relation amoureuse avec Bob Denard, le mercenaire, surnommé le sultan blanc des Comores. Une belle histoire romanesque pour Emmanuel Genvrin, qui va partir de cette ficelle pour écrire Sabena.
L’intrigue nous plonge dans l’horreur du massacre des comoriens de Majunga en décembre 1976, d’où ce titre Sabena, dû au surnom donné aux rescapés du massacre qui sont arrivés aux Comores et à Mayotte à bord des avions de la compagnie belge Sabena.
« Trois générations qui reproduisent le même schéma traumatique»
Une belle trame pour raconter l’histoire de trois générations de femmes éclatées entre quatre île Madagascar, La Grande-Comores, Mayotte et La Réunion, avec une partie en France hexagonale, à Bordeaux sur la tombe de Bob Denard.
Pour Emmanuel Genvrin, « c’est un roman épigénétique », un roman qui explore la transmission génétique des traumatismes : de la grand-mère, cette Sabena, qui a vécu le massacre de Majunga, cette femme qui va donc devenir la maitresse de Bob Denard avec qui elle aura une fille.
Cette dernière deviendra délinquante. « Trois générations qui reproduisent le même schéma traumatique » note l’auteur.