Le salouva, comment le définiriez-vous ?

Le salouva ylang Zéna M'déré.
Voilà une question que l’on ne se pose pas à Mayotte. Parce que le salouva ça se porte, ça se vit.
Lorsque vous venez d’ailleurs et que vous avez envie d’en connaître la signification, vous pouvez toujours vous rabattre sur des moteurs de recherches qui vous diront que : 

Le salouva est une tenue élégante de la femme mahoraise par excellence. C’est un grand tube de coton noué autour de la poitrine et qui tombe aux pieds.

Pour d’autres,

le salouva se compose de deux parties : une grande pièce de tissu cousue sur un côté que la femme enfile et attache au niveau de la poitrine, et le kishali, châle porté sur la tête ou sur les épaules.


C’est une définition acceptable qui est, somme toute, un bon résumé de ce qu’est le salouva expurgé de tous les petits détails.
On aurait pu y ajouter un adjectif qui lui est indissociable, « traditionnel ».


Car oui le salouva est la tenue traditionnelle par excellence de la femme Mahoraise, en tout temps et par tous les temps.


Malgré une évolution très marquée, visible, du tissu simple à un tissu très chargé, plus luxueux, plus cher aussi, le salouva reste la tenue que toutes les Mahoraises ont dans leur penderie pour les plus modernes, ou bwéta pour nos mamies.

Le salouva, un habit à valeur plus que culturel 


On le porte à toutes les occasions : mariage, enterrement, manifestations culturelles comme les débaa le maoulida chéingué ect, etc...

On le porte aussi les vendredis. Oui, le porter un vendredi pour aller au travail c’est comme une sorte de tradition dans la tradition. Même les collégiennes et lycéennes s’y sont mises. Elles piquent les salouvas de leur maman pour suivre le mouvement.


Cette tradition du vendredi, personne ne sait vraiment qui l’a instauré, puisque nos mamies et nos mamans portaient et portent toujours le salouva tous les jours.

Mais c’est sans doute le moyen de faire cohabiter tradition et modernité.


Ainsi du lundi au jeudi, on s’habille à l’occidental mais le vendredi, ce sera salouva pour beaucoup d’entre vous. Oui car tout le monde n’adopte pas le salouva. Certaines vont le porter un autre jour que le vendredi, et puis d’autres vont opter pour le boubou.

Le salouva qui rime avec tradition, n’est pas synonyme de vieux ou de démodé, bien au contraire, et on le voit surtout à l’occasion des mariages. Le salouva sera luxueux, de couleurs vives, bicolores, tricolores et plus, de préférence brodé, et c’est, à qui aura le plus beau ?
À qui saura le mieux l’accessoiriser des pieds à la tête ? Histoire de bien se faire remarquer. Car oui, il y aussi de ça.
 


Accessoiriser son salouva, en ayant les chaussures et les bijoux qui vont avec. On peut autant dire que tout tient au choix du salouva, tout comme on peut dire qu’on va préférer avoir une vue d’ensemble.
Parce qu’accessoiriser le salouva ne date pas d’aujourd’hui. La jeune génération n’a fait que moderniser la tradition.

Nos grand-mères et nos mères le faisaient déjà avec simplicité. Simple mais efficace.

 

Le salouva, plus les bijoux en or reçu le jour du mariage, du jasmin dans les cheveux, du msindzano, certaines mettaient du henné …tracé les sourcils et le crayon pour les yeux (guwéna) et le tour était joué.
 


Aujourd’hui, les bijoux de belle maman sont un peu has been il faut le dire.  Il y a de la résistance mais très souvent lors des mariages, la femme va accessoiriser son salouva avec des bijoux fantaisie aux couleurs assorties à son salouva. Pareil pour le sac et les chaussures, le msindzano est toujours là. Le visage ne sera pas entièrement couvert par le msindzano, mais, une petite fleur bien placée. D’ailleurs les mariées d’aujourd’hui ont toujours cette touche de msindzano.  Mais beaucoup préfèrent le maquillage avec fond de teint, poudre compacte anti transpiration, eye-liner, rouge à lèvre, vernis assortis, et la liste est longue

Et le body dans tout ça ? 

Deux marques restent une référence en la matière. Évidemment, ces body ne sont pas produits ici. Ils sont chers mais parait-il plus résistants.

Toutefois, maintenant on peut aussi trouver des body à des prix très abordables. Parfois ce sont des imitations de modèles des 2 marques, parfois non. En tout cas, trouver le bon body, à la couleur assortie au salouva c’est parfois un vrai parcours du combattant. La femme qui vous dira, je ne m’acharne pas à trouver THE BODY, c’est faux. Certaines n’hésitent pas à faire le tour des commerces, voire à les commander en ligne.

Et quel sacrilège si on vous surprend à porter un body aux couleurs très éloignées du salouva. Attention au regard de travers que l’on va vous porter toute la journée.


Il y a cet adage qui dit que quand on aime on ne compte pas. Cela se vérifie effectivement avec le salouva. Car en fonction du goût, des moyens, de la démarche qui anime la femme, cette dernière va s’atteler à trouver le salouva qui marquera les esprits. La tenue que la voisine de « djavi » (la natte) d’à côté ou du bureau d’à côté n’aura pas. Il ne faut pas se le cacher, il y a de la concurrence.


En fonction de qui vous êtes et de vos envies, vous opterez pour un salouva fait de « nambawani », « mégaline », ça ne coûte pas très cher. On peut en trouver pour moins de 20 euros.
Puis il y a des salouva brodés, là aussi on peut en trouver à 30 euros comme à plus de 150 euros.
Ajouter à cela le body si ce sont des body des deux marques, comptez en moyenne 75 euros. Faites le calcul et ajoutez 10 euros pour le jupon, vous en aurez pour au moins 235 euros pour une tenue de base, sans compter les bijoux et autres chaussures.

Mais qu’à cela ne tienne, et n’en déplaise aux détracteurs, parez-vous de votre plus beau salouva, et rendez-vous Place de la République chaque année au mois de février pour l’évènement le salouva vous va si bien. Parce que c’est le cas.


A bon entendeur !!!