Le service des étrangers réouvert partiellement pour les professeurs et les personnes malades, les bloqueurs remontés

Bloqué depuis plusieurs semaines, le bureau des étrangers de la préfecture a réouvert partiellement sur RDV ce matin pour les personnes malades et les enseignants. Une situation qui n'a pas plu aux bloqueurs qui ont,pour certains, pris à partie verbalement et bloqué les personnes entrant et sortant.
« Vous venez pour une licence de taxi ? Allez voir les manifestants là et dites-leur que vous venez pour cela, ils vous laisseront passer. » Ce conseil, il ne vient pas d’un passant ou d’une des personnes bloquant le service des étrangers de la préfecture. Il vient d’un policier. Ce jeudi matin, ce bureau, fermé depuis mi-février a réouvert partiellement ses portes. Il est bloqué par le Collectif des citoyens de Mayotte qui proteste notamment contre l’immigration clandestine et la situation diplomatique entre la France et les Comores. Une trentaine de personnes qui bénéficiaient d’un rendez-vous ont pu être reçues ce matin pour que leur dossier soit traité. « Des professeurs qui ne pouvaient plus exercer en cette rentrée scolaire et des malades nécessitant des récépissés pour recevoir leur traitement, précise Etienne Guillet, directeur de cabinet du préfet de Mayotte. Il ne s’agit pas de dossiers de régularisation mais uniquement de renouvellement. Ce sont des personnes qui étaient en situation régulière mais qui, du fait du blocage, n’avaient pas pu renouveler leur titre. »

Cette réouverture n’est pas du goût des membres du Collectif des citoyens de Mayotte. Plusieurs bloqueurs ont pris à partie verbalement des personnes leur semblant être d’origine étrangère entrant et sortant de la préfecture. Ils ont même empêché certains d’entre eux de pouvoir présenter leur convocation aux forces de l’ordre. Le dispositif policier avait été renforcé le matin « pour éviter les heurts suite à cette réouverture » mais réduit peu de temps après aux alentours de 8h30. Le directeur de cabinet du préfet précise que les personnes convoquées mais refoulées par les manifestants sous les yeux des policiers étaient sûrement arrivées en dehors des heures prévues. Les consignes étaient, selon lui, à la fois d’éviter tous heurts et de permettre aux jeunes mahorais d’étudier normalement avec des professeurs pleinement concentrés sur leur mission et non sur leur situation ainsi que de permettre aux personnes malades d’accéder aux soins, certaines ayant un risque épidémique. Deux missions réussies selon lui.
 

Des policiers obligés de rendre des comptes aux manifestants


Pas de heurts mais des membres des forces de l’ordre qui étaient obligés de rendre des comptes aux manifestants sur chaque personne qui entrait dans la préfecture. Les bloqueurs contrôlaient les raisons de l’entrée des personnes après ou même en même temps que les forces de l’ordre. Les cartes grises, les licences de taxi et les permis de conduire ont le droit de passer. A un moment, une femme conviée à une réunion au sein de la préfecture passe avec l’accord d’un policier. « C’est qui elle ? », lui demande une manifestante. « Elle vient pour une réunion », lui répond l’agent d'ordre. « Vous êtes sûrs que c’est pour une réunion et pas pour les étrangers ? », demande à nouveau la manifestante. « Même si des personnes ont le droit de rentrer, parfois on ment à ceux qui demandent les raisons d'entrée pour éviter des problèmes, nous confie le policier. Le principal objectif est que tout reste calme et que ça ne pète pas à nouveau. Mes collègues mahorais discutent au maximum avec eux pour que chacun soit satisfait et que tout se passe dans le calme. » Il se demande toutefois comment cette situation va se terminer. « Le bureau ne peut pas rester fermé éternellement. C’est fatiguant pour nous d’être devant ce bureau tous les jours à partir de 4h du matin. Et si ça pète ici nous ne sommes pas vraiment préparés. »

Concernant une réouverture totale, « à ce stade, elle n’est pas du tout à l’ordre du jour », nous explique Etienne Guilley. Les réouvertures partielles comme celle de ce matin vont cependant se poursuivre. « L’opération de réouverture va se reproduire dans les jours à venir car il y a encore des cas de professeurs et de malades à traiter ». Face à cela, le Collectif appelle à venir encore plus nombreux pour bloquer entièrement le service, mêmes pour les personnes ayant un rendez-vous. « Nous lançons un appel à toutes les familles qui aiment cette île à venir rejoindre nos mamans qui sont là », lance une des manifestantes. Quand on lui demande ce que la préfecture fera si même ces rendez-vous sont empêchés comme cela est annoncé, Etienne Guilley préfère ne pas répondre. « Avec des si, on mettrait Paris en bouteille. Nous verrons ce que ferons si ça se produit. »

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