Tests réussis à Mayotte pour Flipper, le « robot-aspirateur » innovant pour la recherche sur les coquillages.

PHOTO : Bruno Garel Agence française pour la biodiversité et CNRS
Deux scientifiques de l’Université de Montpellier et du CNRS ont testé, avec succès pour la première fois, dans les eaux de Mayotte,  le « robot-aspirateur » Flipper développé par le Laboratoire d’ Informatique, de Robotique et Microélectronique de Montpellier(LIRMM).
 
Le Parc naturel marin de Mayotte a indiqué, le 27 juin 2017, que les objectifs de cette mission est de mettre cette nouvelle technologie à l’épreuve et de prélever des cônes, coquillages dont les venins recèlent des vertus thérapeutiques insoupçonnées.

Un robot pour observer et prélever tout en préservant les habitats

Contrairement aux prélèvements effectués par des plongeurs, ce robot opère sans contrainte de durée et de profondeur, de jour comme de nuit. Pouvant prélever entre 5 et 100 mètres de profondeur, il est connecté directement au bateau, ce qui permet aux scientifiques de le piloter depuis la surface.
Equipé d’une caméra haute définition, il capte des images des fonds en temps réel. Ces images des profondeurs, rares et difficiles à capter dans d’autres contextes, serviront à l’amélioration des connaissances sur la biodiversité sous-marine.
 Le Parc naturel marin met un accent particulier sur l’avantage de cette technique qui consiste à ne pas détruire des habitats lors des prélèvements grâce à un ciblage minutieux des spécimens étudiés et à une assistance informatique au pilotage, rendant ce dernier plus précis.
Photo : Bruno Garel , Agence française pour la biodiversité et CNRS

Mettre la technologie au service de la science et de la médecine

 Pour cette toute première mission, l’objectif était de prélever des cônes, coquillages très présents dans les eaux de Mayotte, pour ensuite étudier les molécules de leurs venins. Car si les toxines générées par ces venins peuvent être dangereuses quand elles sont regroupées, une toxine isolée peut être bénéfique et utilisée dans plusieurs applications médicales. Par exemple, le venin du cône magicien (espèce Conus magus) est utilisé pour la fabrication du Ziconotide, un antalgique plus puissant que la morphine qui s’avère très utile dans le traitement de certaines douleurs chroniques.
Les prélèvements effectués à Mayotte ont permis d’isoler plusieurs espèces de cônes dont les toxines des venins pourraient être utilisées dans les traitements de maladies neuro-dégénératives ou encore de myopathies. Les premiers résultats issus de l’étude de ces venins devraient être connus d’ici fin 2017. Ces vertus thérapeutiques soulignent également l’importance de mieux préserver les cônes présents à Mayotte en limitant la destruction de leurs habitats et le prélèvement sauvage.
Photo : Bruno Garel , agence française pour la biodiversité et CNRS

 Rendre Mayotte attractive pour la recherche

 L’une des orientations de gestion fixées par le décret de création du Parc naturel marin de Mayotte vise à « Faire de Mayotte un pôle d’excellence en matière de connaissance et de suivi des écosystèmes marins tropicaux et de la mangrove ».
 Pour aller dans le sens de cet objectif, l’équipe scientifique qui a conduit ce projet a pu bénéficier d’un fort appui logistique du Parc naturel marin, pour préparer et réceptionner le matériel et obtenir les autorisations nécessaires en amont. Pendant la mission, le Parc a assuré la mise à disposition d’un navire, de son équipage, de plongeurs professionnels et de chargés de mission ayant une bonne connaissance du terrain. Le laboratoire mutualisé du Parc et du Centre universitaire de Mayotte s’inscrit également dans cet objectif de faciliter le travail des scientifiques, en leur permettant d’y réaliser des analyses ou d’y préparer des échantillons. En retour, c’est la connaissance des richesses du lagon de Mayotte qui progresse !

Perspectives et nouvelle mission en 2018

Cette « mission test » s’est avérée très enrichissante et encourageante pour les scientifiques présents. L’efficacité et la précision du robot pour l’exploration des profondeurs et les prélèvements biologiques sont aujourd’hui avérées.
 Les images sous-marines enregistrées seront partagées pour analyse avec d’autres scientifiques et spécialistes, dont des chargés de mission du Parc naturel marin, afin d’alimenter les connaissances sur la biodiversité du lagon de Mayotte.
Une nouvelle mission de prélèvement de cônes est prévue pour début 2018 en Nouvelle-Calédonie.
Photo : Bruno Garel , agence française pour la biodiversité

 " Gageons que le robot reviendra bientôt à Mayotte pour de nouvelles explorations !" (Parc Naturel Marin de Mayotte)

Depuis le 1er janvier 2017, l'Agence des aires marines protégées (dont dépend le Parc naturel marin de Mayotte), l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques, l'Atelier technique des espaces naturels, et les Parcs nationaux de France ont regroupé leurs compétences pour créer l’Agence française pour la biodiversité (AFB).

EMMANUEL TUSEVO DIASAMVU avec Camille LECAT du Parc Naturel marin de Mayotte

 www.parc-marin-mayotte.fr
www.agence-francaise-biodiversite.fr