Le ramassage des ordures de la mangrove de Tsimkoura était organisé à l’occasion de la journée internationale des mangroves. L’association mangrove environnement se sent démunie face à la destruction de cet écosystème fragile.
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Chez lui c’est presque compulsif. Même quand il fait visiter le bord de mer de Tsimkoura, Boina Said Boina ne peut s’empêcher de prendre un sceau pour ramasser les bouteilles et autres canettes qui se trouvent sur son passage. Depuis 2014, le président de l’association Mangrove environnement se bat pour sauver les palétuviers de sa commune. Ces arbres constituent les mangroves, des forêts tropicales qui poussent au bord de l’océan.
Désabusé, Boina Said Boina contemple les monceaux de déchets qui se sont faufilés entre les racines aériennes des palétuviers. « On nettoie régulièrement, mais les ordures reviennent sans arrêt. » Deux fois par mois, il rassemble des bénévoles pour rendre les lieux plus propres. « Chaque fois c’est la même chose, on ramasse les ordures. Ensuite on fait des tas. Mais personne ne vient les ramasser. » D’un geste de la main, il montre ses prises de guerre, amoncelées près de l’océan. « On n’a pas les moyens de déplacer ça nous même. On est tous bénévoles. »
Pour lui, « il y a un manque de volonté politique. On ne propose rien aux gens qui veulent se débarrasser de leurs ordures. À Tsimkoura il n’y a qu’un seul endroit avec des conteneurs. Forcément, ça n’incite pas les habitants à vider proprement leurs poubelles. » Conséquence, les rivières servent de déchetterie. Et les ordures se vident directement dans la mangrove quand il y a de grosses pluies.
Il a reconduit une opération de nettoyage à l’occasion de la journée internationale des mangroves, organisée par le bureau mahorais de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Il est accompagné d’une quarantaine de bénévoles. Tel Sisyphe, ce héros de la mythologie grec condamné à pousser une pierre au sommet d’une montagne pour l’éternité, il ramasse inlassablement les déchets éparpillés au milieu des palétuviers.
Les gamins qui l’aident sont armés de gants en plastique. « On retrouve de tout. » Dans un rire qu’on devine amer, il recense : « Des micro-ondes, des machines à laver, des pneus, des tissus, des couches… Tout ce que vous pouvez voir dans les magasins de l’île termine ici. » D’un geste du menton il indique les enfants. « C’est dangereux pour eux, ils passent leurs journées à jouer ici. Ils pourraient se blesser. » Ancien maître-chien, il n’était pas destiné à s’occuper de l’environnement. Petit à petit il quitte son travail. Il a un regard bienveillant mais soucieux « Désormais je ne me soucie plus que de l’association, du matin au soir je ne fais que ça. C’est beaucoup de travail. »
L’homme observe attentivement la dégradation de la mangrove depuis 1998, quand il est rentré de métropole. Et avec elle, l’érosion des côtes qui ne sont plus protégées par les palétuviers. Pendant les pluies les cocotiers s’affaissent, directement soumis à l’assaut des vagues. Une baraque effondrée attire l’œil : « une case détruite il y a six mois par la marée. » Plus loin trône un conteneur rouillé et des piliers en béton se sont affaissés. « Un ancien projet de bar, comment Boina Said Boina. Il n’a jamais vu le jour, le niveau de l'océan est monté trop rapidement. » Ce qui marque à Tsimkoura, c’est la vitesse avec laquelle la mangrove disparait.
Las, il termine la visite. « L’environnement doit faire partie de l’avenir de Mayotte. Mais tout seul on ne peut rien faire. Il faut que chacun se sente concerné. »
Pour lui, « il y a un manque de volonté politique. On ne propose rien aux gens qui veulent se débarrasser de leurs ordures. À Tsimkoura il n’y a qu’un seul endroit avec des conteneurs. Forcément, ça n’incite pas les habitants à vider proprement leurs poubelles. » Conséquence, les rivières servent de déchetterie. Et les ordures se vident directement dans la mangrove quand il y a de grosses pluies.
Il a reconduit une opération de nettoyage à l’occasion de la journée internationale des mangroves, organisée par le bureau mahorais de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Il est accompagné d’une quarantaine de bénévoles. Tel Sisyphe, ce héros de la mythologie grec condamné à pousser une pierre au sommet d’une montagne pour l’éternité, il ramasse inlassablement les déchets éparpillés au milieu des palétuviers.
« On retrouve de tout »
Les gamins qui l’aident sont armés de gants en plastique. « On retrouve de tout. » Dans un rire qu’on devine amer, il recense : « Des micro-ondes, des machines à laver, des pneus, des tissus, des couches… Tout ce que vous pouvez voir dans les magasins de l’île termine ici. » D’un geste du menton il indique les enfants. « C’est dangereux pour eux, ils passent leurs journées à jouer ici. Ils pourraient se blesser. » Ancien maître-chien, il n’était pas destiné à s’occuper de l’environnement. Petit à petit il quitte son travail. Il a un regard bienveillant mais soucieux « Désormais je ne me soucie plus que de l’association, du matin au soir je ne fais que ça. C’est beaucoup de travail. »
L’homme observe attentivement la dégradation de la mangrove depuis 1998, quand il est rentré de métropole. Et avec elle, l’érosion des côtes qui ne sont plus protégées par les palétuviers. Pendant les pluies les cocotiers s’affaissent, directement soumis à l’assaut des vagues. Une baraque effondrée attire l’œil : « une case détruite il y a six mois par la marée. » Plus loin trône un conteneur rouillé et des piliers en béton se sont affaissés. « Un ancien projet de bar, comment Boina Said Boina. Il n’a jamais vu le jour, le niveau de l'océan est monté trop rapidement. » Ce qui marque à Tsimkoura, c’est la vitesse avec laquelle la mangrove disparait.
Le jeune homme est nostalgique. Il se remémore avec émerveillement l’époque où la mangrove, touffue, renfermait des trésors. « On trouvait des raies et des poissons gros comme ça, raconte-il en montrant son avant-bras. Maintenant, il n’y a plus que des petits. » C’est dans la mangrove que les poissons grossissent avant de se déverser dans l'océan une fois qu’ils sont assez gros pour se défendre. Sans elle, c’est tout l’écosystème marin qui est menacé. Il se dirige dans la partie de la mangrove qui n’a pas été nettoyée par l’association. Partout où l’œil se pose, du plastique. « Les poissons mangent les déchets. Et nous on mange les poissons. Il faut que les gens prennent conscience de l’endroit où terminent leurs détritus. »« Les poissons mangent les déchets. Et nous on mange les poissons. »
Las, il termine la visite. « L’environnement doit faire partie de l’avenir de Mayotte. Mais tout seul on ne peut rien faire. Il faut que chacun se sente concerné. »