Jets de pierre sur des véhicules, routes barrées et incendiées, c'est ce à quoi ont eu droit les habitants de Mtsangamouji vendredi après midi. Des scènes inhabituelles dans la localité, autant que les auteurs de ces troubles, des adultes et des membres de confréries religieuses.
A Mtsangamouji, les habitants sont plus habitués à être confrontés au phénomène de violence aux abords des établissements scolaires plutôt que sur la route départementale 1. Mais vendredi, la limite a été franchie et pas seulement par des jeunes connus par des actes délictueux. Des femmes, des hommes adultes ont pris part aux échauffourées, encourageant des jeunes à jeter des pierres sur des voitures. L'origine du conflit est religieuse. Une confrérie a voulu organiser un dayira (chant religieux d'inspiration soufie) à Mtsangamouji. Mais une autre confrérie majoritaire dans la localité s'y est fermement opposée, d'autant plus qu'elle n'avait pas l'autorisation de la municipalité.
Ils ont voulu faire ça en cachette, sans notre autorisation. Et ils ont rencontré l'hostilité de la population. Les choses n'auraient pas dû se passer comme cela, mais ces gens ont fait de la provocation. A chaque fois qu'ils viennent à Mtsangamouji, ça se passe mal et là malheureusement les habitants ont mal réagi en lançant les cailloux et en barrant les routes.
C'est la gendarmerie qui a ramené le calme en exfiltrant les invités venus de l'extérieur. La municipalité assure qu'elle convoquera la confrérie jugée responsable de ces troubles pour leur rappeler la marche à suivre. Mais de l'autre côté, on se plaint d'avoir été violemment pris à partie. Heureusement, il n'y a pas eu de blessés. Mais les adeptes de dayira du cheikh Soumaïla Abdou Rama reprochent au syndicaliste Siaka Anli Djoumoi d'avoir attisé la haine en encourageant les jets de pierre à leur encontre.
C'est une accusation mal venue. Je suis natif du village, quand j'ai entendu qu'il y avait des troubles, je suis intervenu pour demander à ces gens de ne pas provoquer et de partir. Certains ont même voulu m'agresser, mais ils se trompent, je n'ai aucunement contribué à l'enveniment de la situation, bien au contraire !
Anli Djoumoi est dans le civil employé de Matis, la compagnie chargée d'organiser le transport scolaire pour les élèves du secondaire et les étudiants à Mayotte. Et il se retrouve souvent en première ligne pour dénoncer les caillassages de bus.
Quoi qu'il en soit, la situation reste tendue entre les deux toirikat (confréries). Mais beaucoup estiment qu'un cap dangereux vient d'être franchi. Jamais de telles violences ne s'étaient produites pour des différends religieux et commis par des adultes. Et dans un contexte où beaucoup de jeunes commenttent des délits et des violences, voir les plus âgés emboîter le pas n'est pas un bon signe.