L’affaire a été révélée par Médiapart ce week-end. Le tout nouveau ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées a fait l’objet de plaintes de deux femmes. Médiapart précise qu’elles ne se connaissent pas. L’une raconte avoir été invitée à dîner par Damien Abad, député LR. Cela remonte à octobre 2010. Il lui aurait offert une coupe de champagne et ensuite elle dit ne plus se souvenir de rien. Elle raconte qu’elle s’est réveillée dans une chambre d’hôtel, en sous-vêtements, aux côtés de Damien Abad. Dans son témoignage à Médiapart elle déclare : "Je me sentais cotonneuse, mon corps était groggy, courbaturé et douloureux, je savais qu’il s’était passé quelque chose de pas normal ".
Elle est repartie sans rien dire et a mis beaucoup de temps avant de le dénoncer. La deuxième plainte émane d’une autre jeune femme qui avait 22 ans au moment des faits en 2009. Elle aurait subi une drague appuyée de Damien Abad. Et là encore, une coupe de champagne et ainsi de suite… Elle a porté plainte en 2017. Plainte classé sans suite, faute de preuves suffisantes.
« Je suis incapable de commettre de tels actes »
Damien Abad, 42 ans, est lourdement handicapé. Il souffre d’une maladie congénitale rare, l’arthrogrypose, qui le prive d’un usage normal de ses membres. Il se déplace avec difficulté. Il est connu pour avoir eu le mérite de surmonter ce handicap en se lançant en politique. Dans une réponse écrite à ces accusations, Damien Abad explique qu’il lui est impossible de commettre de tels actes, et il ajoute : « je n’ai évidemment jamais drogué personne ». Il reconnait avoir eu des relations consenties et avoir envoyé des sms « parfois intimes parfois tardifs »
Qui était au courant ? Qui a été prévenu ?
Il existe un observatoire des violences sexistes en politique, créée par les fondatrices du mouvement « Mee-too ». Les partis LR et LREM auraient été informés avant la nomination de Damien Abad. Christophe Castaner, chef du groupe « Renaissance » - ex LREM - dit n’avoir rien reçu. Le chef du parti Stanislas Guérini, aujourd’hui ministre, dit n’avoir pas ouvert sa boite mail. Même explication d’Aurélien Pradié, secrétaire général de LR.
La première ministre, Elisabeth Borne, interrogée hier dans le Calvados où elle est en campagne, répond : « bien évidemment je n’étais pas au courant »… « Je vais être très claire sur toutes ces questions de harcèlement, de violences sexuelles, il ne peut y avoir aucune impunité ».
Précisant que « s’il y a de nouveaux éléments, si la justice est de nouveau saisie, on en tirera toutes les conséquences ». Ce n’est pas la première fois qu’un membre du gouvernement est mis en cause dans une telle affaire. C’était le cas pour Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur. La justice avait classé sans suite.