Tout débute en décembre 2021, Nadia* se rend à la mairie de Mamoudzou pour déclarer la perte de sa carte d'identité. Deux mois plus tard, elle décide d'aller effectuer sa dose de rappel. C'est là que l'improbable va se dérouler.
Le lendemain, son téléphone sonne, c'est l'ARS au bout du fil. L'autorité sanitaire lui apprend qu'elle avait déjà fait le vaccin le 18 janvier dernier à 10h26, Nadia a reçu une dose de vaccin, sauf que ce jour-là, attestation en main, elle assure être en formation au CROS pour obtenir son brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport, le BPJEPS.
Dans la foulée de ce coup de téléphone de l'ARS, Nadia apprend que l'une de ses partenaires au Club d'Athlétisme de Mamoudzou est partie s'installer dans l'hexagone. Habituée des podiums sur les trails mahorais, elle est comorienne et en situation irrégulière sur le territoire. C'est en apprenant la nouvelle que Nadia se rappelle que cette dernière lui avait demandé de lui donner son pass sanitaire "pour soi-disant se rendre à une réunion de remise de diplôme" comme Nadia le dira sur procès-verbal aux enquêteurs.
Elle en est sûr, sa partenaire de club lui a volé sa carte d'identité pour pouvoir prendre l'avion pour Paris. Ce serait également elle qui se serait fait passer pour elle devant les agent de l'ARS pour obtenir un pass sanitaire. Dans le même temps, une autre licenciée du CAM, en situation irrégulière à Mayotte, aurait également tenté de rejoindre Paris. Interpellée en salle d'embarquement et renvoyée vers les Comores, elle serait depuis, revenue à Mayotte et a retrouvé sa place au club.
Nadia a donc porté plainte contre X pour vol de sa carte d'identité et usurpation d'identité. Elle a également tenté de joindre celle qu'elle accuse. "Elle m'a dit qu'elle avait pris l'avion avec la carte d'identité de sa sœur, qu'elle n'a rien à voir avec la disparition de la mienne. Elle a refusé de me montrer sa carte d'embarquement. Depuis, elle est injoignable."
Cette affaire, Nadia, en a parlé au club, avec son président.
je lui ai tout expliqué mais il n'a pas réagi… Sur le coup j'ai voulu tout arrêter avant de me persuader d'obtenir mon BPJEPS. J'étais très impliquée dans la vie du club, en charge du sport santé tous les dimanche, sans formation et où en majorité on s'occupe de personnes en situation irrégulière. J'animais également la section baby athlète et celle du collège de Passamainty. Jusqu'à aujourd'hui, au club, personne n'a réagit à ce qui m'est arrivée. c'est comme si on m'avait laissé toute seule dans cette histoire, surtout que mon président est au courant de tout ça.
Contacté, son président assure ne pas en savoir beaucoup plus. "D'ailleurs, j'ai vu qu'elle a fait une course en métropole, elle a un club, ça à l’air de bien se passer, donc je me suis dit que c’était bon elle avait été régularisée."
* Le prénom a été modifié.