Une réunion est organisée à la MJC de Mroalé ce vendredi matin entre maires, élus départementaux, le sénateur Thani Mohamed Soilihi et les collectifs de forces vives mobilisés depuis près de deux semaines contre l'insécurité et l'immigration clandestine. Les maires de Boueni, Chiconi, Tsingoni, Mamoudzou, Mtsamboro, Koungou, Kani-Kéli, Acoua, Pamandzi ou Dembeni, ou encore le président du conseil départemental Ben Issa Ousseni, échangent dans une salle comble.
Les membres des forces vives ont notamment fait savoir leur solidarité avec les élus pour demander l'abrogation des titres de séjours territorialisés, l'une des principales demandes du mouvement. "Les élus de Mayotte ne sont pas écoutés ni respectés", déclare Badirou Abdou, membre des forces vives. "Les mairies de Mayotte sont bloquées par les forces vives, le maire de Mamoudzou a fait fermer son administration communale et aucune réaction de la part du gouvernement." Il évoque un "sens du mépris" et annonce sa ferme intention de maintenir les barrages tant que leurs revendications ne sont pas entendues.
Parmi elles : la nomination d'un interlocuteur au niveau national d'ici ce vendredi soir. "Cette revendication a déjà été remontée, ça ne nous empêchera pas de rappeler encore qu'il nous faut un interlocuteur très rapidement pour avoir un début de levée des barrages et pour qu'enfin on puisse discuter point par point des revendications du territoire", explique le président du conseil départemental Ben Issa Ousseni.
"On n'a pas encore d'interlocuteur car on nous explique qu'un ministre délégué aux Outre-mer sera nommé très prochainement et qu'il lui appartiendra de se saisir de ce dossier.", ajoute l'élu. "J'ai compris que cette personne sera nommée d'ici demain." Sinon, les forces vives prévoient un durcissement du mouvement avec "des barrages sans filtre, personne ne passera, pas d'ambulance, de soignants ou d'agriculteurs." Les collectifs appellent également à un rassemblement ce dimanche au stade de Tsingoni pour organiser un congrès de Mayotte. Les barrages seront levés entre 6h et 8h30 pour permettre aux habitants d'y participer.
Parmi les autres demandes communiquées à l'issu de cette rencontre : la libre-circulation à Mayotte avec la fin de l'insécurité, le renvoi dans leurs pays d'origine ou dans l'Hexagone des migrants présents au stade de Cavani ou encore la "fermeture de l’ensemble des structures hébergeant des personnes en situation irrégulière."
L'objectif de cette rencontre était notamment de discuter des 19 propositions de sortie de crise qui seront soumises au gouvernement. Elles ont été élaborées la veille lors d'une réunion du groupe de travail dédié à la lutte contre l'insécurité et l'immigration. Initié par le conseil départemental, le groupe s'est réuni à l'hémicycle Younoussa Bamana. Des représentants de la CCI, du Medef, de la députée Estelle Youssouffa, des maires et des élus départementaux ont discuté du démantèlement du camp de migrants de Cavani et des échanges entre le département et le ministère de l'Intérieur.