Unir la gauche derrière Mélenchon : le pari est difficile

Jean-Luc Mélenchon dans son QG de campagne à Paris, le 19 octobre 2021
Jean-Luc Mélenchon va-t-il réussir à rassembler toute la gauche sous la bannière de l’Union Populaire en vue de gagner les législatives et de se faire « élire 1er ministre » comme il l’annonce sur ses affiches ? Le pari est loin d’être gagné. Des divergences profondes demeurent entre la France Insoumise, les communistes, les écologistes, et les socialistes.

Jean-Luc Mélenchon essaie de refaire l’union de la gauche avec le programme commun. Ce vocabulaire rappellera des souvenirs aux plus anciens. Dans sa conquête de l’Elysée avant mai 1981, François Mitterrand avait mené à grand peine cette union avec les communistes, qui avait éclaté ensuite à l’épreuve du pouvoir. C’est encore plus difficile aujourd’hui.

Le président François Mitterrand prononce son allocution officielle après l'annonce de sa réélection lors du second tour de l'élection présidentielle, le 8 mai 1988 à la mairie de Chateau-Chinon.

Il s’agit de mettre d’accord la France Insoumise, les communistes, les socialistes et les écologistes sous l’étiquette Union Populaire pour éventuellement gouverner ensemble en cas de victoire aux législatives. Jean-Luc Mélenchon affiche clairement son ambition de devenir le chef du gouvernement dans le cadre d’une cohabitation.

Après sa victoire au parlement, Emmanuel Macron serait contraint de le choisir, c’est la règle de la 5ème République. Le pouvoir ne peut fonctionner que si le premier ministre est issu de la majorité à l’Assemblée Nationale.

Pour gouverner ensemble il faut être d’accord sur l’essentiel, or ce n’est pas le cas

Il y a des différences qui semblent insurmontables. Par exemple : Mélenchon s’est déclaré hostile à l’énergie nucléaire qui alimente 70% de l’électricité en France. Le communiste Fabien Roussel est au contraire favorable au nucléaire qui assure selon lui l’indépendance énergétique du pays et la ré-industrialisation.

Fabien Roussel, invité d'Outre-mer 2022

S’ils gouvernaient ensemble quel serait la politique énergétique ? Autre exemple : la guerre en Ukraine. Jean Luc Mélenchon s’oppose au soutien en livraison d’armes pour que l’Ukraine puisse résister à la Russie, les socialistes sont pour, les écologistes aussi. Mélenchon veut sortir de l’Otan, les socialistes veulent y rester.

Mélenchon est pour une Europe à la carte, avec des traités « à prendre ou à laisser selon les intérêts de la France », alors que ses partenaires éventuels sont pour l’intégration européenne. Il faudrait gouverner ensemble avec de telles différences.

Cette formation de l’Unité Populaire crée une fracture chez les socialistes

Dans ce qui reste du Parti Socialiste, il y a deux tendances : Les plus jeunes, y compris le premier secrétaire Olivier Faure sont d’accord pour former un groupe avec la France Insoumise et négocient déjà les circonscriptions. Ils veulent un contrat de gouvernement « à l’allemande », une coalition. Un accord est acquis avec « Générations », le mouvement de Benoît Hamon.

Benoît Hamon, tête de liste de son parti "Génération-s" pour les Européennes, lors de la Fête de l'Humanité, le 15 septembre 2018.

Les plus anciens, ceux que l’on appelle « les éléphants » se méfient. François Hollande a déclaré qu’un accord avec Mélenchon serait inacceptable et entrainerait la disparition du PS. Pour l’ancien président, la désobéissance aux traités européens, le départ de l’Otan et l’arrêt de l’aide militaire aux Ukrainiens sont « inacceptables ».