Le syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) appelle à faciliter le passage des soignants sur les barrages. La charte de bonne conduite des forces vives les autorise à franchir les blocages mis en plus depuis plus de deux semaines, mais ce n'est toujours évident. "Ils veulent contrôler chaque cas, chaque situation pour voir si c'est un professionnel de santé, une ambulance, une voiture qui livre des produits alimentaires", raconte une infirmière. "Ça prend énormément de temps."
Déjà victime d'agressions et de vols durant ses tournées, elle soutient ce mouvement, mais regrette le temps perdu. Elle fait ses tournées dans le centre et le nord avec parfois plus d'une heure de retard. Une situation compliquée notamment pour les patients diabétiques, qui doivent attendre leur passage et l'injection d'insuline pour pouvoir manger. "Des fois, elles arrivent à l'heure, avant que je mange. Des fois, elles sont légèrement en retard et des fois, elles ne viennent pas du tout, ce qui est dangereux pour nous", explique Walid Ali, un patient diabétique.
Des passages aléatoires
Si la circulation des soignants est particulièrement compliquée dans le sud, le passage d'un barrage est surtout très aléatoire. "Il y a des zones où on nous dit que les responsables des barrages ne sont pas là, des zones où il faut certifier que nous avons nos papiers professionnels, justifier qu'on n'a pas volé le macaron de quelqu'un d'autre", précise Siti Madi, la présidente du Sniil. Pour soulager les malades, les professionnels s'entraident. Après sa tournée, cette infirmière doit par exemple partir dans le nord pour rendre visite aux patients d'une consœur, bloquée en Petite-Terre.
"Le système de santé de Mayotte est en soins palliatifs avec un hôpital fonctionnant en mode dégradé, faute de professionnels de santé en nombre suffisant", ajoute le syndicat dans un communiqué. "Ainsi, permettre la circulation des professionnels de santé, en particulier des infirmiers libéraux, permettra de garantir une offre minimale de soins, évitant ainsi des situations dangereuses pour tous." Tout en précisant soutenir les manifestants, le Sniil appelle à la "compréhension et le soutien de tous pour garantir la continuité des soins de nos parents et enfants."