Barrages : des sages-femmes alertent sur la situation à la maternité de Kahani

Illustration : femme enceinte au service de maternité du CHUG
Pénurie de matériels, de personnels, difficulté à transférer des patients : des sages-femmes dénoncent la situation de la maternité de Kahani. Les barrages perturbant le fonctionnement de la seule maternité périphérique encore en activité.

Des sages-femmes alertent sur la situation à la maternité de Kahani. "Nous connaissons une pénurie sans précédent au sein de la seule maternité périphérique encore en activité sur le territoire, due au climat social actuel", expliquent-elles dans un courrier. En cause les barrages qui perturbent la circulation dans l'île.

Les livraisons, effectuées plusieurs fois par semaine, ne sont plus assurées depuis plus d'une semaine. Les médicaments, la lingerie, les appareils ou encore les repas pour les patientes hospitalisées manquent. "Nous n'avons presque plus d'antalgiques de palier 1 en maternité, les lits des patientes sont recouverts de papiers jetables de consultations et les patientes n'ont pas reçu de repas de la journée et n'en recevront pas dans les jours qui suivent si rien ne change", témoignent-elles dans ce message.

Des transferts de patientes uniquement par hélicoptère

"Les transferts de patientes vers le CHM ne sont plus assurés que par l'unique hélicoptère du SMUR et ce en journée uniquement", poursuivent-elles, expliquant avoir la responsabilité de "patientes qui nécessitent une prise en charge médicale au CHM par des médecins et/ou la présence d'un bloc opératoire à disposition." Elles prennent pour exemple la réalisation d'une instrumentation lors d'un accouchement dans des conditions "pas optimales, ni sécurisées" faute de transfert la nuit.

Sur les réseaux sociaux, une habitante dénonce le cas également d'un nouveau-né qui n'a pas pu atteindre les urgences, l'ambulance ayant été bloquée dans un barrage. Une situation dénoncée ce lundi par la direction du CHM : "les barrages érigés entravent l'intervention du SAMU-SMUR et des pompiers, compliquant davantage l'accès aux patients nécessitant des soins urgents." Dans ce communiqué, la direction annonçait que le CHM fonctionnait avec moins de 50% de son personnel.

Une situation qui entraîne un épuisement des équipes au sein de la maternité de Kahani, avec seulement une dizaine de sages-femmes contre une vingtaine habituellement. "Sur les 3 sages-femmes de garde et une 4e de renfort, seules 2 ont pu se rendre à la maternité", poursuit ce message. 

Les 2 sages-femmes ont assuré seules, l'accueil et la gestion des urgences et les soins des patientes hospitalisées dans un service qui compte 145 naissances au 30/01 à 19h00

Sage-femme

 Certains soignants sont également amenés à rester sur site entre deux gardes pour pouvoir assurer la relève de l'équipe. Ces difficultés impactent aussi la circulation du coursier chargé du transport des prélèvements sanguins. Au barrage de Coconi ce mardi, "son passage a été accepté, mais elle devait retirer elle-même les éléments du barrage (arbres coupés, pneus et divers objets encombrants) puis les remettre en place après son passage."  

"Nous faisons face autant que nous le pouvons pour assurer la relève des collègues mais surtout pour les patientes qui se retrouvent déjà dans une grande précarité de soin", annoncent-elles. "Malgré tout, nous ne pourrons pas tenir indéfiniment dans cette situation. Il en va de notre propre santé physique, mentale et psychique". La direction du CHM assure que la situation a pu s'améliorer ce mercredi du fait d'un nombre moins important de barrages. "Nous organisons une cellule de crise quotidiennement, il y a un gros travail fait en lien avec l'ARS et la préfecture", assure le directeur du CHM, Jean-Mathieu Defour.