VIDEO : visite parlementaire à la prison de Majicavo, l'une des plus surpeuplées de France

Visite parlementaire à la prison de Majicavo
Le président de la commission des lois, Sacha Houlié, et la vice-présidente de l'Assemblée, Élodie Jacquier-Laforge, se sont rendus ce dimanche à la prison de Majicavo. Les députés ont pu constater les problèmes posés par la surpopulation carcérale.

Sacha Houlié, le président de la commission des lois, et Élodie Jacquier-Laforge, la vice-présidente de l'Assemblée nationale, se sont rendus ce dimanche 24 mars à la prison de Majicavo, pour le dernier jour de leur semaine de visite à Mayotte. C'est l'une des plus surpeuplées de France, avec un taux d'occupation actuellement de 226%, soit 629 détenus pour 278 places. En janvier, ce taux avait même grimpé jusqu'à 243%.

La prison de Majicavo

Les députés ont pu le constater dans les cellules. À la maison d'arrêt, destinée aux condamnations de moins de deux ans, quatre détenus s'entassent dans cet espace restreint. Une petite télévision est fixée contre un mur, de la vaisselle est entassée sur une table près d'un mini-frigo. Près de l'entrée, un coin de la pièce est dédié à une toilette, cachée par un mur. Les détenus disposent de deux lits superposés et deux matelas posés par terre, poussés sous les meubles dans la journée pour gagner de la place. "On est nombreux dans une petite cellule, on n'arrive pas à bien respirer, ça nous gêne, mais on n'a pas le choix", raconte l'un d'eux face aux députés. "Comme on est nombreux, tout prend du temps. Pour suivre une formation ou voir un SPIP (le service pénitentiaire d'insertion et de probation) ça prend plusieurs mois."

Une liste d'attente pour les sanctions disciplinaires

Au bout du couloir, une cellule dédiée aux personnes à mobilité réduite, un peu plus large, accueille jusqu'à six détenus. "On n'a pas de place, ça complique et ça dérange, c'est dur en plus d'être emprisonné", abonde l'un des occupants. Le centre de détention manque notamment cellules individuelles, avec seulement 3 places à l'isolement. "Certaines personnes qui devraient être à l'isolement sont gardées au quartier des nouveaux arrivants", précise un surveillant. "Ceux qui ont des problèmes psychiatriques doivent aussi être seuls en cellule, on les laisse ici pour l'accessibilité aux soins." Résultat : il y a une liste d'attente pour l'exécution des sanctions disciplinaires.

La prison de Majicavo

Dans les couloirs, le brouhaha règne. "Et encore, c'est plus calme que d'habitude", glisse un gardien. Une partie des détenus est sortie dans la cour. Ils ont droit à jusqu'à trois heures de promenade par jour. La cour est séparée en deux, chaque partie pouvant accueillir jusqu'à 50 détenus à la fois. "Il y avait des équipements sportifs, mais ils ont tout cassé", raconte un agent. "Il y a une salle de musculation, mais ils ont aussi tout cassé." Le matériel doit être renouvelé, tout comme une brèche dans le grillage d'une des cours, fermée en attendant par mesure de sécurité. Certains détenus avaient forcé un passage pour récupérer des paquets jetés depuis l'extérieur sur le chemin de ronde.

"On n'a pas les moyens"

Elle doit être colmatée, "mais on n'a pas les moyens", concède la responsable administrative et financière. "Il n'y a pas de dotation spécifique pour les dégradations ?", s'étonne la députée Élodie Jacquier-Laforge. "Non, on demande des délégations, mais on en a peu. On a dû engager des frais d'hébergements ou de restauration pendant la crise des barrages, c'est plus de 100.000 euros de frais. Depuis deux mois je demande et je n'ai rien", lui répond Sylvie Vimbouly. Le budget de fonctionnement de la prison s'élève à 4,9 millions d'euros, il faudrait au moins un million supplémentaire pour pouvoir assurer par exemple la réparation des climatisations ou l'agrandissement des cuisines, dimensionnées pour deux fois moins de détenus.

Autre inquiétude à long terme : la construction d'une seconde prison, annoncée en 2022, tarde à arriver et est déjà sous-dimensionnée. "On a promulgué une loi en octobre 2023 qui débloque sept milliards d'euros pour le ministère de la Justice", explique le député Sacha Houlié. "Les crédits sont disponibles, si les terrains sont plus grands que prévu, je pense que le centre pénitentiaire peut aller au-delà des 400 places qui avaient été annoncées, en tout cas on plaidera en ce sens auprès du garde des sceaux." Quelques minutes après le départ de la délégation parlementaire, un véhicule de police arrive avec un nouveau détenu à bord. Il devra patienter, le portail d'entrée est tombé en panne. "Ça arrive souvent", constate un gardien.

La prison de Majicavo