Vols groupés vers le Congo : « il vaut mieux me tuer ici plutôt que de me ramener là-bas »

Ce groupe de Congolais arrivé à Mayotte le 25 septembre dort au bord de la route nationale.
Des "vols groupés" pour reconduire les ressortissants de République démocratique du Congo dans leur pays. Les nouvelles instructions du ministre de l'Intérieur au préfet de Mayotte ne passent pas inaperçues. Sur l’île la communauté congolaise est partagée entre résignation et indignation.

Dès ce mois d'octobre, les autorités doivent désormais organiser ces reconduites qui se faisaient déjà pour certains ressortissants étrangers. Des vols groupés de migrants déboutés de leur demande d’asile vers leur pays ; la République démocratique du Congo.

Des arrivées régulières de congolais

Combien de migrants sont concernés ? Difficile à dire, les migrants d’Afrique continentale arrivent régulièrement par "kwassa-kwassa". La semaine dernière une trentaine d’entre eux a débarqué sur les plages de Mliha dans le Nord et M’tsamoudou au sud de l’île.

De nouveaux arrivants qui viennent grossir le contingent déjà présent sur le territoire. Msafiri Esanda et sa famille sont arrivés le 25 septembre à Mayotte. Il affirme venir du Sud Kivu, une zone en guerre de la RDC. Comme d’autres congolais, ils se sont installés dans la rue, à proximité du village relais de Tsoundzou. L’établissement héberge des réfugiés en attente d’une réponse de l’OFPRA, l'office français de protection des réfugiés et apatrides. Pour lui, le retour au pays est inenvisageable.

"Moi j'ai peur d'aller là-bas… Les gens que j'ai fuis là-bas, ils vont m'attraper et me tuer. C'est la raison pour laquelle j'accepte de dormir ici, je n'ai pas le choix. Il vaut mieux me tuer ici plutôt que de me ramener là-bas."

Msafiri Esanda _ Migrant Congolais

Msafiri Esanda (en rouge) et ses compagnons de route.

Santos Sombalodi est le porte-parole de la communauté congolaise de Mayotte. L’annonce du ministre de l’Intérieur le choque profondément.

"Le seul pays qui est en guerre, c'est le seul pays où on veut rapatrier les gens. Vers la république du Congo. On ne sait pas quelle complicité il y a là-dessous. Tout est flou. On se sent abandonné.»

Santos Sombalodi _ Porte parole de la communauté congolaise de Mayotte

Le congolais se dit surtout indigné par l'attitude de son président. Félix Tshisekedi, qui a accepté les retours de ses ressortissants expulsés de France.

«Il a été migrant pendant plus de 30 ans en Belgique, il sait la souffrance des migrants et par quelles situations les immigrés passent. Dans quelles conditions ils vivent. Mais maintenant qu'il est au pouvoir, Il veut que les gens rentrent au Congo. »

Les Congolais ont décidé de monter une délégation pour aller plaider leur cause devant le préfet de Mayotte.