« L’expulsion massive » est impraticable sans l’accord des Comores
De nombreux chiffres de reconduites à la frontière ont circulé depuis l’annonce de Wuambushu. 20 000 expulsions en deux mois avaient été évoquées, puis 10 000. Il était question de deux rotations de bateaux quotidiennes vers Anjouan. Le centre de rétention administrative de la petite terre ne pouvant gérer seul de tels volumes, un nouveau centre a été institué en grande terre à la MJC de Mtsapéré qui a été clôturée à cet effet. Prudemment, le ministre de l’intérieur n’a pas avancé lui-même d’objectif chiffré.
Tout est suspendu aux décisions du gouvernement comorien. S’il persiste dans sa décision de ne pas autoriser les refoulements, aucune reconduite ne pourra avoir lieu. Les policiers pourront délivrer des OQTF (obligation de quitter le territoire français) sans procéder à des interpellations faute de pouvoir garder longtemps en rétention les étrangers en situation irrégulière.
La destruction des bidonvilles restera limitée
Le rêve d’une île de Mayotte débarrassée de ses bidonvilles ne sera réalisera pas au terme de Wuambushu. Les « décasages » sont strictement encadrés par des décisions de justice motivées après des enquêtes sociales. Des associations et des avocats veilleront à ce que les règles soient respectées. Des solutions de relogement doivent être offertes aux ayants droits.
Pour l’heure 817 foyers sont assurés d’être relogés selon le ministre d’intérieur. Gérald Darmanin et le préfet Thierry Suquet ont avancé un chiffre de 1000 logements insalubres voués à la destruction. Surtout concentrée sur les hauteurs de Koungou, ce sera la plus grande destruction opérée jusqu’à présent, mais c’est une goutte d’eau dans l’océan des habitations précaires à Mayotte.
La sécurisation avance déjà, mais la prison est trop petite
Dans son interview au Figaro, Gérald Darmanin a évoqué « une quarantaine de bandes criminelles organisées ».Le lendemain sur France Info, il était question d’une « soixantaine de bandes ». La délinquance violente reste difficile à évaluer à Mayotte tant elle éclate de manière imprévue quand des enfants miséreux se prennent à lancer des pierres sur les voitures, ou quand des bandits plus aguerris montent de véritables embuscades sur les routes, ou des expéditions punitives dans les établissements scolaires.
1 800 gendarmes et policiers sont engagés dont la nouvelle unité CRS 8 spécialisée dans le rétablissement de l’ordre. Jamais autant de forces n’ont été déployées à Mayotte. L’efficacité de la réponse policière semble déjà se démontrer. Les arrestations se multiplient.
La difficulté réside dans la capacité de traitement par la justice renforcée de quelques magistrats, et surtout la capacité d’accueil de la prison saturée à 210%.