Krobo ké tig rouj, Sigal ké fronmi, Tig ké kabrit, Rat lavil ké rat danbwa... Voici quelques-unes des fables, à la sauce créole, dans le premier livre de Nadine Léo: Konsidiré Esop ké Jan dé Lafontenn té atè Lagwiyann. Un premier ouvrage qui lui permet d’utiliser toutes ses casquettes dans le même temps : chanteuse traditionnelle, conteuse, enseignante… « Plus on écrit la langue, plus on réussi à la sauvegarder, indique l’autrice. On fait un travail de militant. »
Habituée à déclamer des contes sur les antennes de Guyane la 1ère, Nadine Léo s’est essayée à la fable durant la période Covid. « Il y avait pas mal de soirées via les réseaux sociaux et j’ai proposé cela. Ce que j’aime avec la fable, c’est qu’elle est courte et qu’elle délivre un message à la fin ». Quelques années après, le livre est là. « Quand j’en ai parlé à l’éditrice (Suzie Lan des éditions Plume Verte, ndlr), elle a tout de suite été emballée. » Il faut dire que les deux femmes ont déjà collaboré : l’an dernier, à peu près à la même époque, elles ont sorti un jeu de Sept familles qui mettait en lumière les traditions créoles de Guyane.
Redonner à Esope ce qui était à De La Fontaine
Son amour pour la langue créole, Nadine Léo le cultive depuis des années. A ceci près, que « son » créole a évolué dans le temps. « Moi, je venais de Saint-Laurent. Quand je suis arrivée à Cayenne, on ma dit « Oh ! Où est-ce que tu vas là, avec ce créole ? » Au fur et à mesure, en me mettant dans la musique traditionnelle, j’ai évolué. Désormais, quand j’écris, je fais forcément relire mes textes. »
Outre la valorisation de la langue, l’ouvrage de Nadine Léo, par son titre, met en lumière l’origine des fables de La Fontaine. Car jusqu’à récemment, beaucoup ignoraient que celles-ci sont inspirées des fables d’Esope, ancien esclave Grec né en 620 avant J-C. « J’ai réécrit ces fables pour les mettre dans le contexte guyanais » indique Nadine Léo qui a conservé les messages des textes d’origine.
Illustré par Mathieu Beaufort, le livre offre au lecteur une expérience immersive. En effet, chaque fable s’accompagne d’un QR code. En le flashant, le lecteur devient auditeur et profite des talents de conteuse de Nadine Léo, sur un rythme de tambour guyanais bien entendu !