Réunir les principaux producteurs et exportateurs de nickel dans le monde afin de promouvoir la stabilité des prix et la sécurité des marchés : c’est le souhait du groupe UC-FLNKS et nationalistes, qui a déposé une proposition de vœu au Congrès, relative à la création de l’Organisation des pays exportateurs (et/ou producteurs) de nickel (Open), sur le modèle de l’Opep pour le pétrole.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, le monde consommera d’ici 2040 beaucoup plus de nickel souligne le groupe. Mais le nickel calédonien est en crise, et la survie de ses usines menacée du fait de leur manque de compétitivité des coûts de production. Et la plupart des pays producteurs sont en grande difficulté face à la concurrence indonésienne et ses exportations à bas coût.
Exploiter le nickel "au mieux et en toute responsabilité"
"L’idée d’une organisation internationale des pays exportateurs de nickel avait germé en 2013, lors d’une visite du président du Congrès, Roch Wamytan, en Indonésie, explique Pierre-Chanel Tutugoro, chef du groupe UC-FLNKS et nationalistes au Congrès. On a repris l’idée aujourd’hui parce qu’on pense que c’est le moment de le concrétiser." Il s’agit "de pouvoir établir des discussions avec les autres états producteurs de nickel, dans le Pacifique notamment avec l’Indonésie, les Philippines et tous les pays intéressés pour voir de quelle manière on puisse exploiter au mieux et en toute responsabilité cette ressource nickel".
Maîtriser les cours et les coûts de production
L’intérêt pour la Nouvelle-Calédonie selon Pierre-Chanel Tutugoro, "c’est de permettre d’avoir aussi une certaine stabilité dans les cours du nickel pour pouvoir maintenir les coûts de production de nos gisements ici localement, de manière à pouvoir maintenir nos emplois, et maintenir le fonctionnement de nos structures".
Quel intérêt pour l’Indonésie ?
Un intérêt pour la Calédonie, soit. Mais quel intérêt, pour l’Indonésie, premier producteur mondial de nickel, de s’entendre avec ses concurrents ? C’est que l’exploitation a provoqué des dégâts dans le pays : dépendance économique à la Chine, accidents mortels et saccage de l’environnement. Ce modèle va devoir évoluer selon Sylvain Pabouty, 3e vice-président du Congrès.
" Ils s’inscrivent dans une perspective que souhaite avoir l’Europe et notamment la France, à savoir que pour se réindustrialiser, la vieille Europe, notamment par rapport à une concurrence menée par les États-Unis, la Russie et la Chine. Ils veulent obtenir un certain nombre de matières premières, mais pas à n’importe quel prix. Il faut tenir compte d’un certain nombre de critères, notamment les critères environnementaux, les critères de la bonne gouvernance, sur le plan social, sur le plan du travail… Et donc demain, si l’Indonésie veut vendre, pas uniquement à la Chine, il faut aussi vendre vers l’Europe. Et c’est pour ça qu’elle a tout intérêt à être dans une structure comme l’Open, pour pouvoir être dans les mêmes standards et normes pour être bien vue aussi sur le plan international".
Les objectifs de l’Open
La création de cette organisation permettrait de s’entendre sur les volumes produits et les prix du nickel, et d’instituer des quotas d’exportation afin de réguler l’offre et la demande.
Il s’agirait aussi d’aider à promouvoir une concurrence loyale sur le marché avec des normes sur la qualité et la quantité, ou encore de promouvoir l’innovation et la recherche sur le nickel. L’Open fournirait également à ses membres une plateforme pour négocier des politiques et des accords. Elle pourrait également accorder des prêts pour le développement et l’exploitation des gisements de nickel.