1 à 4 ans de prison après leur évasion du Camp Est

Quatre des cinq prévenus comparaissaient par visioconférence depuis leur lieu de détention en Métropole : Kamodji Brice, Kamodji Jean-Paul, Sylverie Siapo et Majélé Bernard.
Mardi soir, le tribunal correctionnel a condamné Brice Kamodji, Jean-Paul Kamodji , Sylverie Siapo, Bernard Majélé et Magdiel Toura à 1 et 4 ans de prison. Les 5 détenus comparaissaient pour une affaire d’évasion datant de 2015 et pour vols avec violences commis pendant cette période de cavale.
Les faits remontent au 20 juillet 2015, cette nuit là, Brice Kamodji, Jean-Paul Kamodji, Sylverie Siapo, Majélé Bernard et Magdiel Toura, âgés de 18 à 20 ans au moment des faits, se font la belle grâce à une lime. Un objet trouvé, disent-ils sur le terrain de football du centre pénitentiaire. Le projet d’évasion va alors mûrir lors d’une conversation entre les cousins Kamodji, pendant deux semaines, les détenus vont alors limer les barreaux de leurs fenêtres, tresser une corde avec leurs draps avant d’escalader ce 20 juillet les murs du camp-est et de s’enfuir vers 4h du matin. « Ils ont mis 4 heures pour s’évader, entre minuit et 4h, parce qu’ils savaient qu’à ce moment là, il y avait peu de surveillants », décrit la présidente. Le rôle des gardiens sera d’ailleurs mis en cause pendant l’enquête mais les détenus préciseront n’avoir reçu aucune aide, ni intérieure, ni extérieure à la prison, « On voulait dire au revoir à la famille avant d’être envoyé en Métropole. » 

Des complices à la barre 

Blessé à la jambe, Jean-Paul Kamodji sera rapidement intercepté, les autres marcheront jusqu’au niveau du cimetière du 4ème km. Là une amie de Brice Kamodji, qu’il venait de contacter par SMS, vient les récupèrer et va les véhiculer jusqu’à la tribu de Saint-Louis. Présente à l’audience, elle comparaissait pour complicité d’évasion mais elle explique n’avoir eu aucun écho sur ce projet. Autre prévenue, la petite amie de Brice Kamodji, absente lundi soir à l’audience, elle est accusée d’avoir remis à son compagnon une carte SIM, carte qui sera retrouvée le jour de l’évasion avec un téléphone portable.

Période de cavale

Les évadés ne resteront pas longtemps cachés puisque cinq jours plus tard, ils feront parler d’eux sur la RP1, au Mont-Dore : agression d’automobilistes, caillassages, menaces avec un fusil, dégradation de locaux professionnels... Ils voleront même un pick-up pour commettre le casse bélier du magasin Arizona. Les comparses seront finalement tous interpellés entre août et décembre 2015, seul Magdiel Toura se rendra de lui-même à la gendarmerie de Thio, sur conseil de sa famille.

Des victimes traumatisées 

Au procès, certaines victimes ont témoigné leur désarroi, certaines se sont constituées parties civiles. « J’ai eu très peur ce jour là », témoigne l’une d’entre elles qui espère, s’adressant aux détenus « que vous aurez une vie droite et juste plus tard ». Représentant une famille de victimes, Me Jacques Loye a décrit le calvaire qu’elle a vécu ce jour là sur la RP1, « deux enfants âgés de 5 et 7ans étaient à bord du véhicule avec le père, le garçon avait le visage ensanglanté à cause d’un gros caillou, aujourd’hui j’espère que vous avez des regrets car cet enfant vit dans l’angoisse depuis ». Les prévenus s’excuseront auprès des victimes, « on ne savait pas que ce que l’on faisait c’était grave », se défend Magdiel Toura.

Ils purgent leur peine en Métropole 

Au terme de quatre d’audience, vers 22 heures, le tribunal correctionnel a prononcé une peine unique pour les deux affaires, il a condamné les cinq ex évadés à des peines allant de 1 à 4 ans d’emprisonnement avec maintien en détention, 3 mois de prison avec sursis pour la petite amie Brice Kamodji et la relaxe pour la prévenue qui les a véhiculé. Le procureur avait requis quant à lui 12 ans de prison  ferme à l’encontre des 5 prévenus, après avoir rappelé le passé pénal de chacun et démontré la gravité des faits reprochés. Ses réquisitions ne seront pas suivies par le tribunal correctionnel. Les avocats de la défense ayant démontré que les jeunes incarcérés en Métropole avaient changé de comportements en trois ans et qu’ils se préparaient à leur réinsertion. Comble de cette affaire de vols en réunion, l’un des prévenus qui devait comparaitre, Marie-Gilles Roger Noraro, 26 ans, est actuellement en état d’évasion depuis janvier 2018.

Conditions de détention

Les quatre prévenus incarcérés dans les prisons de Métropole se disent « satisfaits » de leurs conditions de détention « ça se passe très bien, plusieurs activités sont proposées, on suit des formations, on fait du sport ». Jean-Paul Kamodji prépare un CAP cuisine et veut poursuivre dans cette voie à sa sortie, Sylverie Siapo et Brice Kamodji suivent des cours de remise à niveau, Bernard Majélé travaille pour les Archives de l’INA depuis le début de l’année. Des conditions de détention en décalage avec la réalité du camp-est, « on fait rien, y a pas beaucoup d’activités ici » décrit Magdiel Toura, actuellement à l’isolement, « il est mis à l’écart de tous, renchérit son avocate, on les laisse végéter pendant des années avec comme seule perspective, la date de sortie de prison ». Les carences du camp-est ont été pointées du doigt à plusieurs reprises, « l’état du centre c’est  peut-être aussi ce qui encourage les évasions. » Magdiel Toura est libérable en 2020, Jean-Paul Kamodji en 2022, Bernard Majele en 2027, Brice Kamodji en 2028 et Sylverie Siapo 2029.