C’est la peine prononcée par le tribunal correctionnel à l’encontre de deux prévenus ce mardi matin. Ils comparaissaient avec 4 autres personnes pour plusieurs affaires de vols. Une condamnation exemplaire souhaitée par le parquet.
Malia Noukouan (S.R) •
C’est une grosse affaire, « qui a nécessité beaucoup d’énergie », jugée ce mardi matin, pour reprendre les mots du procureur de la République, Alexis Bouroz. Quatre des six prévenus comparaissaient dans quatorze dossiers différents. Ils sont âgés de 18 à 21 ans, tous originaires de Saint-Louis et déjà connus de la justice, hormis un seul. La présidente du tribunal a détaillé les faits pendant plus de deux heures : environ une quarantaine d’affaires de vols, vols en réunion, recel de biens et dégradations certaines avec violences. Toutes commises entre juin et septembre 2018 au Mont-Dore, à Nouméa et à Païta. Ont été dérobés de l’argent, des téléphones, des ordinateurs, divers biens et des véhicules « On voulait se balader en voiture », a expliqué l’un des prévenus. Aucun n’était représenté par un avocat.
Face à face avec les victimes
Une quinzaine de victimes étaient présentes à l’audience. Certaines ont décrit leur calvaire, trois d’entre elles se sont même adressées directement aux prévenus. Un face à face assez rare au tribunal correctionnel. Avec émotion, elles ont réclamé certains objets volés, qui ont une valeur sentimentale, à l’instar de cet homme qui voulait savoir qu’étaient devenues ses médailles de travail, fruit de quarante années de service. « On ne sait plus où on les a mises, on ne savait pas que c’était important », répondra l’un des prévenus. Une femme s’est aussi levée pour exprimer son désarroi et sa colère. A la fin de l’audience, deux prévenus se sont excusés auprès des victimes.
Tir sur des gendarmes
Le 4 septembre 2018, au Mont-Dore, il était 21h30 lorsque deux membres du GIGN tentaient d’intercepter un véhicule qui venait de foncer sur une voiture de la police municipale. Pendant l’opération, les gendarmes ont essuyé un tir d’arme à feu, heureusement sans faire de blessé. « Une ogive sera retrouvée dans la portière, à hauteur de la tête.»
20 ans et déjà une quarantaine de condamnations
Les deux prévenus jugés pour ces faits sont bien connus de la justice, avec déjà une vingtaine et une quarantaine de condamnations inscrites à leur casier judiciaire. « Ceux qui comparaissent aujourd’hui sont peu ou prou liés aux évènements de Saint-Louis », a précisé le parquet, qui juge cette délinquance « inquiétante » car « elle commence à s’organiser, il y a des connexions avec d’autres bandes, d’autres régions. » « Inquiétante aussi », ajoute-t-il, « parce qu’il y a de plus en plus de violence », envers la population, la police municipale, avec des conséquences parfois dramatiques pour les victimes. Dans l’un des dossiers, une femme enceinte a en effet perdu son bébé, après avoir été jetée au sol, lors du vol de son véhicule.
« N’ayez aucun état d’âmes »
Le procureur de la République n’a pas mâché ses mots : « Nous sommes face à une bande de délinquants, d’assassins en puissance. Il y a des délinquants que l’on peut sauver et d’autres qu’il faut éliminer de la vie publique en les éloignant », faisant référence ici au Camp Est. « Ca n’est plus tolérable, on ne peut plus accepter ça », conclut le procureur, avant de requérir des peines lourdes : 12 ans de prison avec mandat de dépôt pour les deux prévenus concernés par le tir sur les gendarmes, 4 et 7 ans d’emprisonnement pour les deux autres et 1 an ferme avec mandat d’arrêt pour l’un des prévenus absent à l’audience. Le dernier, jusqu’ici inconnu de la justice, a également écopé d’une centaine d’heures de TIG (travail d'intérêt général). Des réquisitions suivies dans leur totalité par le tribunal correctionnel. Les prévenus devront notamment payer solidairement un montant de plus de 5 millions de francs pour les préjudices subis par les victimes, qui se sont portées parties civiles dans ces différents dossiers.