En Nouvelle-Calédonie, les élections législatives ont relancé les hostilités au sein de la droite non-indépendantiste alors que des échéances capitales se profilent pour l’avenir institutionnel de l’archipel.
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Le scrutin a été remporté dans les deux circonscriptions par le parti Calédonie Ensemble (droite, CE), qui a battu les sortants du Rassemblement-UMP. De leur côté, les indépendantistes kanak ont progressé en voix comparé à 2007, mais ont souffert d’un découpage qui leur est défavorable. La double victoire de CE, dont le leader, Philippe Gomes, siège désormais au Palais-Bourbon, bouleverse la donne dans la gestion de ce territoire de 260.000 habitants, où un processus de décolonisation est en cours. En février 2011, M. Gomes avait été démis de la présidence du gouvernement collégial suite à une entente entre le R-UMP et l’Union calédonienne, parti indépendantiste membre du FLNKS). Il lui était reproché de s’opposer au choix de deux drapeaux, kanak et tricolore comme emblème de l’archipel, validé à Paris par Nicolas Sarkozy.
Cet épisode avait donné lieu à six mois de crise politique, puis à l’élection d’un nouvel exécutif, au sein duquel les trois ministres de CE ont refusé de travailler, arguant qu’on leur avait imposé "des secteurs subalternes". La nouvelle coalition au pouvoir avait aussi élu l’indépendantiste Roch Wamytan à la tête du Congrès. Une initiative largement dénoncée par Calédonie Ensemble. Au terme d’une campagne tendue entre les frères ennemis de la droite, les législatives ont rebattu les cartes. "La guerre de tranchée est repartie", résume un observateur. Depuis la fin du "règne" de Jacques Lafleur, ex-homme fort du Caillou mis en minorité en 2004 et décédé en 2010, ses héritiers ne cessent de se déchirer et enchaînent fausses réconciliations et vraies querelles. "Philippe Gomes a mené une campagne violente, qui a fait ressurgir les vieux démons. Nous allons vers une radicalisation de la vie politique et les discussions avec les indépendantistes n’ont plus de sens. Il devra gérer ça", a lancé le sénateur Pierre Frogier, président du R-UMP, dont la stratégie a été désavouée dans les urnes.
Le référendum en ligne de mire
Entre 2014 et 2018, en vertu de l’accord de Nouméa (1998), les Calédoniens seront appelés à se prononcer par référendum pour ou contre l’indépendance. Une réflexion a été engagée avec l’Etat pour imaginer une solution consensuelle entre autonomie et indépendance totale. Les dirigeants de CE ont affirmé qu’ils entendaient continuer à échanger sur l’avenir institutionnel et qu’ils étaient eux-aussi partisans d’une "solution négociée". "Notre projet est d’aller aux frontières extrêmes de l’autonomie", ont-ils affirmé, estimant que les choix déterminants reviendraient aux élus, issus des élections territoriales de 2014. Alors que la droite s’enfonce dans ses divisions, les indépendantistes ont eux refait leur unité à l’occasion des législatives, et ils revendiquent le contrôle des institutions.
"Si on s’entend, nous sommes 23 élus indépendantistes sur 54 au Congrès et pouvons être le groupe majoritaire", a déclaré Charles Washetine, porte-parole du FLNKS, n’excluant pas que des indépendantistes puissent présider le Congrès et le gouvernement local. En août, la présidence du Congrès doit être renouvelée comme chaque année. Les deux nouveaux députés, ainsi que le président du gouvernement Harold Martin et le président du Congrès vont aller ou sont à Paris pour faire valoir leurs positions auprès du ministre des Outremers, Victorin Lurel.
Cet épisode avait donné lieu à six mois de crise politique, puis à l’élection d’un nouvel exécutif, au sein duquel les trois ministres de CE ont refusé de travailler, arguant qu’on leur avait imposé "des secteurs subalternes". La nouvelle coalition au pouvoir avait aussi élu l’indépendantiste Roch Wamytan à la tête du Congrès. Une initiative largement dénoncée par Calédonie Ensemble. Au terme d’une campagne tendue entre les frères ennemis de la droite, les législatives ont rebattu les cartes. "La guerre de tranchée est repartie", résume un observateur. Depuis la fin du "règne" de Jacques Lafleur, ex-homme fort du Caillou mis en minorité en 2004 et décédé en 2010, ses héritiers ne cessent de se déchirer et enchaînent fausses réconciliations et vraies querelles. "Philippe Gomes a mené une campagne violente, qui a fait ressurgir les vieux démons. Nous allons vers une radicalisation de la vie politique et les discussions avec les indépendantistes n’ont plus de sens. Il devra gérer ça", a lancé le sénateur Pierre Frogier, président du R-UMP, dont la stratégie a été désavouée dans les urnes.
Le référendum en ligne de mire
Entre 2014 et 2018, en vertu de l’accord de Nouméa (1998), les Calédoniens seront appelés à se prononcer par référendum pour ou contre l’indépendance. Une réflexion a été engagée avec l’Etat pour imaginer une solution consensuelle entre autonomie et indépendance totale. Les dirigeants de CE ont affirmé qu’ils entendaient continuer à échanger sur l’avenir institutionnel et qu’ils étaient eux-aussi partisans d’une "solution négociée". "Notre projet est d’aller aux frontières extrêmes de l’autonomie", ont-ils affirmé, estimant que les choix déterminants reviendraient aux élus, issus des élections territoriales de 2014. Alors que la droite s’enfonce dans ses divisions, les indépendantistes ont eux refait leur unité à l’occasion des législatives, et ils revendiquent le contrôle des institutions.
"Si on s’entend, nous sommes 23 élus indépendantistes sur 54 au Congrès et pouvons être le groupe majoritaire", a déclaré Charles Washetine, porte-parole du FLNKS, n’excluant pas que des indépendantistes puissent présider le Congrès et le gouvernement local. En août, la présidence du Congrès doit être renouvelée comme chaque année. Les deux nouveaux députés, ainsi que le président du gouvernement Harold Martin et le président du Congrès vont aller ou sont à Paris pour faire valoir leurs positions auprès du ministre des Outremers, Victorin Lurel.