Jean-Marc Ayrault en Nouvelle-Calédonie: les raisons de la visite du Premier ministre

JM Ayrault se recueille,aux côtés notamment de Marie-Claude Tjibaou, à la chefferie de Wadrilla où Jean-Marie Tjibaou et Yeiwene Yeiwene ont été assassinés le 4 mai 1989.
Si certains observateurs se sont interrogés sur le calendrier et les motifs de la visite du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ils ont pu être déçus: pas d'annonce spectaculaire à l'horizon. L'essentiel du message délivré par l'Etat, partenaire de l'Accord de Nouméa, était ailleurs.
Ceux qui s'attendaient à des déclarations spectaculaires ou à des annonces concrètes en ont été pour leur frais. Ce n'est ni le style de Jean-Marc Ayrault, encore moins l'objectif de son tout premier déplacement dans le Pacifique en tant que chef du gouvernement (il était venu accompagner Lionel Jospin, lors de la signature de l'accord de Nouméa en 1998).
Certes,les Calédoniens ont retenu sa diatribe contre les banques calédoniennes, accusées de pratiquer des frais particulièrement élevés et cette menace, à peine voilée, d'aller jusqu'à la loi s'il le fallait. C'est là, une des rares compétences restant encore à l'Etat en Nouvelle-Calédonie -  hormis les pouvoirs régaliens- et il ne pouvait guère s'avancer sur les autres dossiers.

3 gestes à Ouvéa pour mettre en avant le devoir de mémoire: 


De toutes manières, l'essentiel était ailleurs: rappeler sa conception du rôle de l'Etat dans le processus en cours. Ni plus...  ni moins! Mais ce faisant, il a innové au moins dans 3 domaines. D'abord, en se rendant à Ouvéa. Un déplacement court, mais dense, à forte portée symbolique. Il s'est rendu successivement sur la stèle des gendarmes tués le 22 avril 1988, sur la tombe des 19 militants kanak indépendantistes tués lors de l'assaut de la grotte le 4 mai de la même année et, à quelques mètres de là, à l'endroit même où tombaient, sous les balles d'un autre militant indépendantiste, les deux leaders historiques du FLNKS Jean-Marie Tjibaou et Yeiwene Yeiwene le 5 mai 1989. C'est la 1ère fois qu'un chef de gouvernement se rendait à Ouvéa depuis les "événements de 1988-89 ". Un devoir de mémoire nécessaire "parce qu'il permet l'acte de paix et de réconciliation". Pour les Calédoniens d'abord mais aussi pour tous les Français, a rappelé Jean-Marc Ayrault.

2 messages principaux délivrés aux Calédoniens et à la classe politique locale:


Mais au delà du geste fort de cette visite à Ouvéa du Premier Ministre, il faut retenir deux messages de l'Etat aujourd'hui adressés aux Calédoniens :
- Préparez vous, en conscience, aux échéances qui arrivent. Autrement dit ,qu'apparaissent, derrière les slogans politiques traditionnels , de vrais projets de société sur lesquels se baser pour faire un choix.
- Donnez la parole à la société civile, donc aux forces vives du pays, pour que les débats sur l'avenir de ce pays ne soient pas confisqués par la seule classe politique calédonienne .

Un message clair, déjà délivré en juin par Alain Christnacht ( principal négociateur et co-rédacteur de l'Accord de Nouméa) , aux élus politiques actuels et à ceux qui sortiront des urnes en juin 2014. Afin que les questions institutionnelles ne soient plus l'unique objet des débats politiques sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie!

gonzague.delabourdonnaye@francetv.fr