Le 5 décembre 1984, dix militants indépendantistes de la tribu de Tiendanite, en Nouvelle-Calédonie, étaient tués par balles, au lieu-dit de Wan'yaat.
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C’était il y a trente ans. Le 5 décembre 1984, dix militants indépendantistes de la tribu de Tiendanite, âgés de 25 à 56 ans, parmi lesquels deux frères de Jean-Marie Tjibaou, étaient tués par balles dans une embuscade au lieu-dit de Wan'yaat.
Depuis trente ans, les carcasses des deux camionnettes n'ont pas bougé. Sur les lieux, une plaque de marbre portant l'inscription "Fils de Kanaky, souviens-toi" et un hommage à ceux qui furent "assassinés lâchement" rappellent ce qui s’est passé.
Le soir du 5 décembre 1984, moins d’un mois après le boycott actif des élections à l’Assemblée territoriale, prôné par le FLNKS, une réunion se tient au Centre Culturel de Hienghène. Durant la soirée, la question de la levée des barrages et de la suspension des actions avait été discutée, à la demande de Jean-Marie Tjibaou, alors président du FLNKS. La trêve devait ouvrir la voie des discussions que ce dernier envisageait de conduire avec l’Etat et visait à encourager les négociations.
A la fin de la réunion, dix-sept Kanak prennent la route à bord de deux camionnettes conduites par les deux frères de Jean-Marie Tjibaou, Louis et Vianney, pour rejoindre la tribu de Tiendanite. Ils n’arriveront jamais à destination.
A hauteur du lieu-dit de Wan'yaat, ils essuient des tirs d’anti-indépendantistes embusqués. La fusillade fera dix morts. Seules sept personnes survivront. Pour la tribu de Tiendanite, qui comptait alors huit familles, c’est une véritable hécatombe : la moitié de sa population masculine périt ce soir-là.
Sur les sept survivants de l'embuscade, trois sont décédés depuis. Blessé à la main et au ventre pendant les tirs, Bernard Maépas, chef du conseil des anciens de la tribu, est l’un des derniers à pouvoir témoigner. Pour lui, la fusillade visait Jean-Marie Tjibaou.
« C’était justement pour contrer la parole de Jean-Marie Tjibaou », explique Bernard Maépas au micro de Marguerite Poigoune. « Lui, il n’est pas tombé dans le piège. Le lendemain, il a dit qu’il fallait entamer les discussions ».
ITW Maepas 051214
Symbole fort, lors de sa visite officielle en Nouvelle-Calédonie, les 16 et 17 novembre dernier, le président de la République François Hollande est venu se recueillir sur les tombes de ceux qu'on appelle depuis les "dix morts de Tiendanite".
Pour marquer les trentième anniversaire, une messe a été dite vendredi matin, dans la petite église de la tribu.
Pour marquer les trentième anniversaire, une messe a été dite vendredi matin, dans la petite église de la tribu.
« Tiendanite, c’est d’une certaine manière le désespoir calédonien », explique Olivier Houdan, historien, sur le plateau du JT de NC1ère (05/11/14). « C’est la résultante d’une situation particulièrement tendue dans la vallée depuis le 18 novembre et qui provoque l’irréparable. C’est un véritable massacre ».
Retrouvez l’intégralité de l’entretien, conduit par Charlotte Risch :