L’expédition punitive menée en 2011 au Mont-Dore par des habitants d’Unia contre le clan Wédé était jugée mercredi au tribunal correctionnel. Le procureur de la République a requis des peines de prison allant de 3 mois à 4 ans de prison ferme pour les 14 auteurs identifiés des faits.
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Point de départ de cette affaire:la succession du grand chef d’Unia décédé en 2004.
En 2010, après deux ans de procédures coutumières, Djawari Bonnaventure, membre du clan du chef historique, est désigné. Mais sur les quatorze clans de la tribu, l’un d’eux, celui des Wédé, originaire de Lifou, s’oppose à ce choix.
La querelle aboutit à l’expulsion d’une dizaine de familles contraintes de s’installer au lieu-dit La Tonnelle au Mont-Dore en février 2010.
Une médiation est alors menée par le Sénat Coutumier à la demande du Haut-Commissariat. Elle échoue. S’ensuit une période de heurts marquée par des insultes et caillassages fréquents, un procès pour diffamation et de nouveaux incidents.
Plusieurs des prévenus d’Unia ont exprimé mercredi devant le tribunal correctionnel de Nouméa leur ras-le-bol face aux actes dont ils étaient la cible justifiant ainsi l'organisation d'une expédition punitive le 25 mars 2011.
L’objectif était de bloquer en amont et en aval de la Tonnelle. C’est ce qu’a répété Edouard Atinoua, présenté par le ministère public comme la "pierre angulaire" de l’opération.
La présidente du tribunal l’interpelle sur la liste des armes trouvées à l’intérieur de son véhicule cette nuit-là: "Deux cartouches de munitions, deux couteaux, un coupe-coupe, deux haches … C’était pour le blocage ?". Réponse de l’homme qui lui fait face, président du conseil des anciens à Unia: "on montait la case de la chefferie".
Dans son réquisitoire, le procureur Dutot insiste sur la préméditation, "il a vraisemblablement été décidé qu’on réglerait leur compte". Il note qu’un fusil à pompes a été apporté sur place. "Certainement pas pour cueillir des fraises" dit-il avec ironie. Il énumère les prévenus et leurs méfaits. Des coups qui engendrent un traumatisme crânien. Le stockage d’armes dans une voiture. Un coup de sabre sur une cuisse. Il exige en conséquence des peines de 3 mois à 4 ans de prison.
Pour l’avocat de la défense, Maitre Arnon, c’est "tendre à décapiter la tribu d’Unia". Il déplore lui la démission des autorités politiques dans cette affaire. Malgré les plaintes déposées, rien n’a été fait pour régler ce conflit "kanako-kanak" explique t’il.
La décision de la justice sera connue le 25 mars prochain à 13h30.