La révision annuelle des listes électorales débute ce lundi. Une opération administrative qui s’annonce éminemment politique et polémique. Surtout que l’Etat a changé de cap concernant les conditions d’inscription sur la liste spéciale.
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La notion de corps électoral restreint a toujours fondamentalement opposé les deux blocs politiques de l'archipel, indépendantiste et non indépendantiste.Et à quelques jours de la révision annuelle des listes électorales, la polémique sur l'interprétation de l'article 188 de la loi organique, qui réglemente le droit de vote aux élections en Nouvelle-Calédonie, alimente de nouveau l'actualité.
L’État, à travers un nouveau vademecum, (document officiel indiquant la conduite à suivre pour le délégué de l'Etat qui siège au sein des commissions administratives spéciales chargées de réviser les listes électorales dans chaque commune), a décidé de suivre la jurisprudence validée par la Cour de cassation qui en plus des conditions de présence et de résidence en Nouvelle-Calédonie lie le droit de vote aux prochaines élections provinciales à l'inscription sur la liste électorale de 1998.
Les indépendantistes se satisfont du changement de lecture de l’Etat. Le FLNKS demandera l’examen de 5300 cas...5300 radiations potentielles. Une liste établie sur la base des personnes qui ont voté aux Provinciales de 2014 et qui n’étaient pas inscrites en 1998.
De son côté, l’UCF (Union pour la Calédonie dans la France) a tenu à exprimer son inquiétude. Qualifiant d’"arbitraire" la jurisprudence rendue par la Cour de cassation, l’UCF demande une clarification et propose un amendement à l’article 188 de la loi organique.
Pour Calédonie Ensemble, il faut s’en tenir à la position prise en 2014 par l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault devant l’Assemblée Nationale: "Ainsi, doivent être électeurs aux élections provinciales toutes les personnes majeures installées en Nouvelle-Calédonie le 8 novembre 1998 au plus tard, après avoir satisfait à la condition de dix ans de domicile, ainsi que leurs descendants atteignant par la suite la majorité...L'examen de la condition d'installation en Nouvelle-Calédonie en 1998 devra être conduit avec un soin particulier, sur la base de la consultation de la liste électorale générale de 1998 ou de tout élément établissant cette installation " avait déclaré Jean-Marc Ayrault devant l'Assemblée nationale en février 2014.
Si jamais l’état décidait de revenir sur la position exprimée devant l'Assemblée nationale, il s’agirait selon le leader de Calédonie Ensemble, Philippe Gomès, d’une "volte face inacceptable" qui conduirait son parti à entreprendre "un certain nombre d’actions pour que la justice en matière électorale soit rétablie dans en Nouvelle-Calédonie".