Trente ans que les Germain, père et fils, sont artificiers en Nouvelle-Calédonie. Mais l’histoire pourrait s’arrêter là. En l’absence de perspectives, Charles Germain a décidé de vendre ou de détruire son stock de feux d'artifice puis de cesser cette activité, qui représentait 60 à 80 % du chiffre d’affaires annuel de son commerce.
Avec la restriction sur le transport des armes et des explosifs, mise en place au moment des émeutes de mai et restée en vigueur jusqu'à début décembre, “indirectement, le transport des feux d’artifice était interdit. L’activité s’est énormément dégradée”, explique-t-il.
Depuis un an, on finance la maintenance des équipements alors qu’on a zéro rentrée d’argent. On ne peut plus se le permettre.
Charles Germain
Entre-temps, la ville de Nouméa avait déjà annoncé qu’elle n’organiserait pas son spectacle pyrotechnique du Nouvel an, les priorités budgétaires allant à la reconstruction après les émeutes. “L’ensemble des collectivités nous ont confirmé qu’elles n’auraient pas de budget pour les fêtes de fin d’année”, ajoute Charles Germain.
Et maintenant, l’interdiction de vendre, transporter et utiliser des feux d’artifice de divertissement décidée par le haut-commissariat le 25 décembre. Elle s’appliquera jusqu’au 5 janvier inclus. Motifs : “poursuivre les efforts de sécurisation menés par les forces de l’ordre, prévenir les troubles à l’ordre public et prévenir les risques d’incendie en cette période de sécheresse”, précisait le haussariat dans un communiqué de presse.
Le stockage soumis à des règles strictes et coûteuses
"Cet arrêté n’est venu qu’enfoncer le clou” et conforter sa décision de cesser son activité d’artificier pour ne conserver que celle de commerçant. Et ainsi réduire ses charges. Car le stockage des feux d’artifice a un coût. Il est encadré par les normes imposées aux installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE), normes qui visent à réduire les risques de nuisance de certaines activités potentiellement dangereuses pour la sécurité des riverains et de l’environnement.
“Nous sommes tenus au respect d’un certain nombre de règles de sécurité et d’obligations de maintenance”, décrit Charles Germain. “Depuis un an, on finance la maintenance de tous ces équipements alors qu’on a zéro rentrée d’argent. On ne peut plus se le permettre.”
La difficile décision a une autre conséquence : la perte de compétences sur le territoire. En trente ans, les Germain ont formé une cinquantaine d’artificiers.