Le Président du Vanuatu, Baldwin Lonsdale, a pointé du doigt le réchauffement climatique et affirmé qu’il a "contribué à la violence du cyclone Pam qui a dévasté son archipel". Un sujet qui fait débat au sein de la communauté scientifique.
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Un cyclone a besoin d’une concordance de plusieurs facteurs pour voir le jour : la température de la mer doit être supérieure à 26 degrés sur au moins 50 mètres de profondeur. Pour que le cyclone prenne forme, il faut également une évaporation conséquente pour fournir l’énergie nécessaire et des vents convergents qui renforcent le système, c’est la phase de formation du cyclone. Puis le phénomène s’intensifie, créant une colonne atmosphérique qui aspire l’eau chaude sur 16 km de hauteur. Une fois cette phase d’intensification passée, le cyclone entre en phase de développement, grâce aux précipitations qui relâchent de la chaleur et nourrissent le phénomène, jusqu’à ce qu’il arrive sur un continent ou sur des eaux plus froides qui ne permettent plus de l’alimenter en énergie.
La question de la corrélation entre le réchauffement climatique et le renforcement de l’intensité des cyclones divise les experts du climat. Néanmoins, depuis quelques années, une tendance semble se dessiner : de plus en plus de climatologues défendent la théorie scientifique selon laquelle le réchauffement climatique devrait être tenu pour responsable du renforcement des catastrophes naturelles, notamment des cyclones qui devraient être plus violents dans les années à venir.
Alors quel est l’impact du réchauffement climatique sur les cyclones?
Nous avons posé la question à Christophe Menkes, climatologue à l’IRD de Nouvelle-Calédonie. Selon ce spécialistes, les cyclones dans le Pacifique sud ne seront pas plus fréquents, mais devraient effectivement devenir plus forts. Le réchauffement climatique provoque un réchauffement de la température des océans, ce qui entraîne une plus grande évaporation, un des facteurs nécessaires à la formation d’un cyclone. Mais en parallèle de la mer, l’atmosphère se réchauffe elle aussi : elle peut certes absorber plus d’humidité, mais devient aussi plus stable vers le haut ; or, pour se développer, un cyclone a besoin d’une zone atmosphérique perturbée. Christophe Menkes précise cependant que l’analyse des phénomènes cycloniques reste un domaine assez incertain : en effet, parfois toutes les conditions sont réunies pour qu’un cyclone se forme, pourtant il ne se créé pas. Cela dit, il y aurait de fortes chances pour que la zone pacifique subisse des phénomènes cycloniques de plus en plus violents, à défaut d’être plus récurrents.
Enfin le phénomène El Niño, de par son courant chaud, pourrait également jouer son rôle dans l’intensification des cyclones. Même si son intensité est faible et devrait s’estomper d’ici août 2015, el Niño a quand même été observé depuis l’année dernière. Ce phénomène, qui sévit depuis des siècles, a tendance à décaler l’activité cyclonique vers l’est du côté de la Polynésie. A l’inverse, la Niña ramène l’activité cyclonique dans une zone plus proche de la Nouvelle-Calédonie.
Quelques explications en images sur la formation des cyclones (France 3)
L'impact d'El Nino dans la zone intertropicale ( Source IRD)
Quelques explications en images sur la formation des cyclones (France 3)