Un nouveau président, mais la confusion demeure

Si l’élection d’un nouveau président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, après trois mois d’immobilisme, aurait pu sonner un retour à la normale, la situation demeure reste aujourd'hui compliquée. 
L’élection de Philippe Germain, président de plein exercice, devrait relancer l’action du gouvernement. Pourtant, si d’un point de vue technique le gouvernement est à nouveau en marche, parler d’un retour à la stabilité semble quelque peu téméraire tant le paysage politique laissé par cette élection du candidat de Calédonie Ensemble avec des voix indépendantistes est confus. 
 
Douloureuse confusion d’abord, pour ne pas parler de rupture du côté de l’Union Calédonienne (UC).  
 
Le président de l’UC Daniel Goa a pris l’initiative politique sans l’aval du président du groupe UC-FLNKS et Nationaliste, Rock Wamytan, sans celui du secrétaire général, Gérard Régnier, partisan d’un accord entre les cinq groupes politiques du congrès, et sans celui de Gilbert Tuiyenon, membre du gouvernement et plus enclin, lui, à soutenir la candidature de Cynthia Ligeard.
 
Rupture irrémédiable ou turbulences passagères ? Une chose est sûre : l’unité même du groupe UC-FLNKS et Nationaliste au Congrès pourrait être ébranlée. Daniel Goa lui persiste et signe. Pour lui, la cohérence du collectif et de sa ligne politique doit l’emporter.
  
Reste à savoir quelle sensibilité pour ne pas dire quel leadership de l’UC l’emportera Boulevard Vauban et donc si Calédonie Ensemble fera le plein des 15 voix du groupe de Rock Wamytan, mais aussi des 9 voix de l’Union Nationale Indépendantiste (UNI) sur les réformes majeures attendues, telles que la redevance nickel, la TVA calédonienne, ou encore la loi de protection de l’emploi local dans la fonction publique. 
 
Un soutien crucial pour Calédonie Ensemble, qui, accusée de trahison par ses anciens partenaires non-indépendantistes, peut difficilement compter sur eux pour constituer des majorités même ponctuelles. Le Front Pour l’Unité (FPU), déjà en opposition à Calédonie Ensemble, est clairement entré en résistance. 
 
« J’ai posé une question aux électeurs de Calédonie Ensemble, à savoir s’ils avaient voté pour que la Calédonie devienne indépendante », commente Thierry Santa, secrétaire général du Rassemblement. « Parce que quand on lit le communiqué de presse du FLNKS (…), les quatre points nous font craindre que l’indépendance est en marche ». 
 
Ecoutez l’intervention de Thierry Santa au micro de William Lecren pour NC1ère : 

ITW Santa 020415

 

Reste à savoir si la désunion des camps traditionnels, et avec elle une forme de recomposition du paysage politique, permettra à l’exécutif de faire passer ses réformes, et surtout avec quelles conséquences à l’approche de 2018. 
 
Le sénateur Pierre Frogier a lui déjà fait part de sa conviction, en déclarant que cette élection préparait « la sortie de l’Accord de Nouméa dans les conditions les plus dramatiques ».