Une pièce unique pour le futur Musée du bagne

Une œuvre, vraisemblablement réalisée dans l'ancien bagne de Nouvelle-Calédonie et représentant un pilou kanak, vient compléter les étagères déjà bien remplies de l’association Témoignage d’Un Passé, en charge du futur Musée du bagne.
Déjà riche de plusieurs objets de la période du bagne, l’association Témoignage d’Un Passé, qui est chargée de l'iniaitive du futur Musée du bagne, à Nouville, s’est vue offrir une œuvre unique. Faite en terre séchée, la sculpture représente une scène de pilou kanak traditionnel.
 
"C’est une scène plutôt rare", explique Yves Mermoud, membre actif de l’association. "Sa taille est également peu courante; le musée de la Nouvelle-Calédonie possède deux objets de ce genre mais en plus petite taille".
 
Avec une base de 30 centimètres de diamètre pour une hauteur de 22 centrimères, la statuette possède en effet des dimensions hors du commun. 
 
L’œuvre a voyagé depuis la commune de Versailles. A 22.000 kilomètres du Caillou, un trésor dormait dans les malles d’Annie Evrard. Cette dernière détient la statuette de sa mère, qui elle-même se l’est vue offrir par un oncle. Le premier propriétaire de la figurine n’était autre qu’un "membre de l’administration pénitentiaire du bagne", comme le fait remarquer Yves Mermoud. 
 
Si on ignore l’identité de l'auteur de la sculpture, ainsi que la date et le lieu exacts à laquelle elle a été fabriquée, on peut supposer qu’elle fait partie de la "camelote" du bagne, c'est-à-dire tous les objets fabriqués sur l’île Nou, il y a plus de 120 ans.
 

Un travail de longue haleine


"Notre collection n’est pas suffisamment développée, notamment pour l’exposition permanente", explique Yves Mermoud. "Nous avons fait de nombreux appels et pour l’instant, nous avons eu beaucoup de retours de la métropole".
 
L’association Témoignage d’Un Passé a découvert l’existence de l’œuvre il y a deux ans, en avril 2013. Son retour sur sa terre natale découle de la volonté de l’association.

La restauration a été longue ; c’est une experte en céramique et en terre sèche en métropole, qui s’est occupée de redonner du mieux possible son aspect originel à la statuette. 
 
L’objet a traversé les continents en janvier de cette année, pour finalement arriver dans les mains des passionnés de l’association au mois d'avril. 
 

L’histoire du bagne rassemblée dans un musée

L’île Nou vivra de nouveau au rythme du bagne d’ici quelques temps. L’ancienne boulangerie Guillain du temps des bagnards sera le site du nouveau musée. 
 
Situé en face de l’Université de la Nouvelle-Calédonie, le bâtiment historique a été rénové par la Province Sud, qui a investi 110 millions de francs CFP.
Le public a déjà pu découvrir, au travers d’une exposition permanente, les conditions de vie dans le pénitencier-dépôt de l’époque.
 
"Mais les 300 m2 du bâtiment historique ne sont pas suffisants pour accueillir les différentes expositions, la boutique, les bureaux, etc.", précise Yves Mermoud. "C’est pourquoi il va y avoir des bâtiments contemporains, construits dans un style discret, pour garder la mise en valeur de l’ancienne boulangerie".
 
En attente de financement, le projet du nouveau musée est pour le moment en suspens. Persuadée que les familles du Caillou possèdent des trésors du bagne, l’association attend avec impatience de nouvelles pièces, pour les exposer dans le musée, qui fera voyager Calédoniens et touristes dans les années 1860.


Le bagne, un élément à part entière de l'histoire du pays

"Cela fait 150 ans que l’on doit taire cette partie de l’histoire. Aujourd’hui, on en est presque fiers, que l’on soit descendants de condamnés ou de survivants", confie Yves Mermoud. 
 
L’association Témoignage d’Un Passé possède déjà une centaine d’objets de l’époque du bagne, qui appartiennent à des collections privés ou à des particuliers. En attendant l'ouverture du musée, un itinéraire culturel jalonné de panneaux historiques existe déjà dans les rues de Nouméa. 
 
Le 27 juin, l’association organisera une journée des descendants du bagne - que leurs ancêtres aient été condamnés, surveillants ou militaires -, sur les sites du camp central de l’île Nou. Une « sensibilisation importante » selon Yves Mermoud, qui souhaite transmettre cette partie de l’histoire calédonienne aux générations futures.