Chantal Contant, linguiste et professeure à l’université du Québec, était de passage en Nouvelle-Calédonie pour parler de "l'orthographe moderne" et montrer par exemple aux Calédoniens qu'un oignon peut aussi s'écrire "ognon".
Vous avez toujours écrit « igloo » avec deux « o ». Vous vous êtes faits taper sur le bout des doigts quand, par esprit de phonétique, vous aviez osé écrire ledit mot avec « ou » à la fin ? Vous savez que "nénuphar" s'écrit avec "ph", mais il vous est arrivé, par inadvertance de l'écrire avec un "f", "nénufar".
Sachez qu’en réalité, vous aviez raison dans les deux cas. Enfin, depuis 1990. Cette année-là, en effet, des rectifications orthographiques ont été publiées en France dans le Journal officiel du 6 décembre. Mais en dehors de certains cercles de linguistes avertis, l’affaire était demeurée relativement inaperçue du grand public.
Il faudra attendre 2008, soit dix-huit ans plus tard pour que les rectifications paraissent dans un Bulletin officiel de l'Éducation nationale hors série, indiquant que « l’orthographe révisée est la référence » et est désormais « incluse dans les programmes scolaires ».
L’orthographe de plusieurs centaines de mots a été ainsi modifiée. Les mots étrangers sont francisés, les mots composés systématiquement liés par des traits d’union, et l’accent circonflexe disparaît (ou disparait) des lettres « i » et « u ».
Avec "l’orthographe moderne" du français, ce qui pouvait être considéré comme une faute « avant » ne l’est plus désormais.
L’objectif visait à régulariser et uniformiser l’orthographe du français. Cette nouvelle orthographe recommandée, en vigueur dans les principaux pays de la francophonie (France, Suisse, Belgique et Québec) n’est pas obligatoire, mais préconisée.
Rappelons que l’« orthographe moderne » n’est pas la première réforme. La langue de Molière a ainsi bien évolué au cours des siècles. Les évolutions ont même parfois aussi été causées par les hasards de la vie quotidienne.
En 1740, alors que l’Académie décide d’introduire l’accent grave, l’imprimeur se retrouve à court de petites lettres métalliques, utilisées pour représenter cet accent. Décision est alors pris de remplacer l’accent circonflexe par un accent aigu sur certains mots, comme « crémerie », pour économiser les petites lettres métalliques.
Chantal Contant, linguiste et professeure à l’université du Québec, auteur du « Grand vadémécum de l’orthographe moderne recommandée », de passage en Nouvelle-Calédonie, a donné une conférence lundi soir à l’auditorium de la Province Sud. Histoire de mettre les points sur les i - là où il n’y a plus d’accent circonflexe.
« Le but n’était pas du tout de résoudre l’échec scolaire, ou de niveler par le bas, ou de laisser passer des fautes », explique Chantal Contant. « Pas du tout. C’est qu’il y a des anomalies. On voulait rectifier certaines pluriels invariables, des mots étrangers dont la graphie n’était pas assez francisée, des traits d’union qui variaient d’un dictionnaire à l’autre ».
Les réticences face à la réforme, surtout dans l’Hexagone, sont encore présentes. Amis puristes, soyez cependant rassurés : les rumeurs selon lesquelles on pourrait désormais écrire « chevals » et « éléfant» sont totalement infondées.
Ecoutez l’intervention de Chantal Contant au micro de Malia Noukouan pour NC1ère La Radio :
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